« Pendant les derniers exercices, des pratiques comptables ont été mises en place et exécutées avec pour objectif de présenter une dette financière du groupe inférieure à la réalité et, en conséquence, des résultats supérieurs à ceux réellement générés », a indiqué l’administrateur judiciaire de Pescanova, le cabinet Deloitte, citant les principales conclusions du cabinet d’audit KPMG dans un communiqué envoyé mercredi soir.
Pour obtenir des prêts bancaires, la société a également mené des pratiques « qui peuvent être considérées comme irrégulières d’un point de vue comptable et financier », juge KPMG, évoquant « des résultats fictifs » ou encore l’obtention de crédits « sans transactions réelles avec des marchandises ».
Le cabinet a calculé que la dette financière nette du groupe atteignait fin 2012 3,281 milliards d’euros, soit plus du double de celle publiée (1,5 milliard).
De même, le patrimoine net du groupe est négatif, selon KPMG, à -927 millions d’euros, contre un patrimoine positif de 756 millions publié en septembre 2012.
Ces pratiques pour cacher la situation réelle de l’entreprise « n’ont pas été fortuites, elles étaient le résultat d’une planification consciente depuis des années de la part de la direction de Pescanova ».
Le cabinet Deloitte, en tant qu’administrateur judiciaire, a convoqué ce jeudi le conseil d’administration de Pescanova pour une réunion d’information, selon une source proche du dossier.
De son côté, le président de Pescanova, Manuel Fernandez de Sousa, a indiqué avoir déposé mardi une déclaration à la justice pour se défendre: « cette déclaration signale, parmi les raisons qui ont conduit Pescanova à la situation actuelle, la forte restriction du crédit qui a coïncidé avec un plan d’expansion ambitieux », explique-t-il dans un communiqué transmis à l’AFP.
« Cette situation a pu mener l’entreprise et son président à adopter des décisions erronées d’un point de vue commercial, comptable et financier, des décisions connues des banques (partenaires du groupe, ndlr) et qui ont été prises avec la confiance que le crédit reprendrait et que les investissements de Pescanova généreraient de la valeur à court terme », ajoute-t-il.
« Toutes les décisions adoptées l’ont toujours été avec l’unique but de maintenir le financement de la compagnie, garantir les 11.000 postes de travail et continuer à être une entreprise viable et une référence mondiale dans le secteur », conclut Manuel Fernandez Sousa, qui assure avoir pris lui-même l’initiative de faire contrôler ses comptes quand il s’est rendu compte de « divergences qui pourraient être significatives entre la comptabilité et les chiffres de la dette bancaire ».
La justice espagnole a mis en examen le 23 mai plusieurs dirigeants de Pescanova, dont son président, soupçonné d’avoir falsifié les comptes de l’entreprise et de délit d’initié.
Pescanova, emblème de la région côtière de Galice (nord-ouest), avait été déclaré en cessation de paiement le 25 avril et sa direction confiée à l’autorité boursière espagnole, la CNMV.
Le groupe n’a pas publié ses comptes pour 2012, en cours d’audit.
Comptant 160 filiales dans le monde et une flotte de plus de 100 navires, Pescanova, très connu en Espagne, commercialise ses produits à travers 16 marques et emploie environ 10.000 personnes.