Forage pétrolier en Guyane: les pêcheurs réclament un moratoire

« L’évaluation du potentiel de la pêche n’a pas été établi et la ressource halieutique guyanaise est minimisée », a expliqué à l’AFP le président du CRPMEM, Jocelyn Médaille.

« Nous étions favorables à ce projet mais dès lors que nos intérêts sont menacés, on dit +Halte-là+ », a-t-il ajouté, précisant que les études menées sur la ressource initiale sont incomplètes et réalisés alors que les forages d’exploration ont déjà débuté.

Dans une lettre de 5 pages adressée à la ministre de l’Ecologie Delphine Batho et rendue publique vendredi, les pêcheurs guyanais réclament en outre la conduite « d’une étude d’impact environnementale et sociale plus approfondie », la mise en place d’un « fonds de compensation alimenté par Shell au profit du secteur » ou encore « l’extension de la responsabilité environnementale aux exploitants pétroliers offshore ».

La direction de Shell France, contactée par l’AFP, s’est dite « très surprise » par la déclaration du CRPEMM, avec lequel elle « entretient de bonnes relations ».

« Shell a parfaitement respecté les termes du protocole d’échantillonnage des ressources rédigé conjointement avec le CRPEMM », a dit la direction du groupe.

Les pêcheurs affirment vouloir « une démarche concertée avec la ministre » mais avertissent qu’ils ont « des moyens de pression » s’ils n’ont pas de réponse « dans un délai raisonnable d’une quinzaine de jours », a dit Jocelyn Médaille.

« On fait passer beaucoup de choses avant notre filière qui, elle, est bien réelle avec 2.400 emplois, 3.000 tonnes de poissons pêchés et des millions d’euros d’exportations chaque année », a-t-il ajouté.

Shell (45%) est l’opérateur du consortium qu’il forme avec Total (25%), Northpet (2,5%) et Tullow Oil (ex-opérateur avec 27,5% des parts) sur un permis d’environ 24.100 km2 à 150 km des côtes de Guyane où se déroulent aujourd’hui des forages d’exploration autorisés par deux arrêtés préfectoraux de mai et juin 2012.

Quatre recours au tribunal administratif et un recours hiérarchique auprès de la ministre de l’Écologie ont été déposés contre ces arrêtés préfectoraux, principalement au motif d’une étude d’impact jugée insuffisante.

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