France: La moule de bouchot compte sur son label pour résister à la concurrence

En 2011, 50.000 tonnes de moules ont été produites sur les pieux (les “bouchots”) plantés le long des littoraux de la Manche et de l’Atlantique. Elles représentaient ainsi l’essentiel de la production française de ce coquillage (70.000 tonnes).

Depuis quelques années, la filière mytilicole française subit une concurrence exacerbée des producteurs espagnols, hollandais, premiers et seconds producteurs européens avec des tonnages qui avoisinent 250.000 et 100.000 tonnes.

La concurrence est aussi irlandaise, italienne, grecque, voire chilienne et brésilienne.

La consommation de moules étrangères avoisine ainsi plus de 44.000 tonnes, dont plus de la moitié sont espagnoles et hollandaises, selon les dernières estimations des douanes françaises et de FranceAgrimer.

“Nous devons nous montrer vigilants sous peine de disparaître” et cela passe par une maîtrise des circuits de distribution, explique Jacques Godefroy, président du secteur mytilicole au sein du Comité national de la conchyliculture, et producteur lui-même en Normandie.

Il pointe du doigt la grande distribution qui assure l’écoulement de 75% de leur moules et leur impose des prix toujours plus bas.

“Cela fait trois ans que les prix ne cessent de chuter. Certains producteurs vendent au prix de revient, ou même en dessous”, explique M. Godefroy. En 2011, les prix ont reculé de 2,7%, avec un effet positif pourtant: faire bondir la consommation de moules de 8,6%.

D’où les espoirs suscités par l’obtention de l’appellation “moules de bouchot”.

“L’octroi de l’appellation +spécialité traditionnelle garantie+ est le fruit d’une lutte de plus de 20 ans menée par l’ensemble des producteurs pour protéger leur mode de culture”, relève-t-il.

jamais vu un pieu de bois

“Notre STG devrait désormais dissuader certains pays producteurs qui pratiquent une concurrence déloyale et n’hésitent pas à commercialiser des moules prétendument de bouchot, mais qui n’ont jamais vu un pieu de bois de leur vie”, fait valoir Jean-Paul Delamaire, président du syndicat mytilicole de la Baie du Mont Saint-Michel et de Cancale.

Les moules de bouchot sont élevées sur 1.650 kilomètres de littoral de la Manche et de l’Atlantique.

Deux zones de cultures sont particulièrement réputées: la baie du Mont Saint-Michel dont les moules sont doublement labellisées puisqu’elles ont reçu aussi en 2011 l’appellation d’origine contrôlée” (AOC), et la baie de l’Aiguillon aux limites des départements de la Vendée et de la Charente maritime.

La Spécialité traditionnelle garantie (STG) est un label européen qui garantit que le mode de production traditionnel (dans ce cas, l’usage des pieux) est respecté. Certains produits phare comme la mozzarella italienne ou le jambon serrano espagnol en bénéficient.

En France, les moules de bouchot sont le seul produit à en bénéficier pour l’instant.

“Il faut 12 à 18 mois pour élever les moules jusqu’à leur taille marchande de 4 cm environ et suivre un cahier des charges très contraignant”, explique M. Delamaire.

La saison mytilicole débute selon les régions entre la mi-juillet et la mi-août pour se terminer mi-février, mais “les fins connaisseurs savent que les meilleures moules sont celles récoltées au début de l’automne”, explique-t-il.

Pour tenter de relancer les ventes, le Comité national de la conchyliculture (CNC) se lance à partir du 8 août dans une campagne de communication nationale pour valoriser les moules de bouchot auprès des consommateurs.

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