« Nous exerçons un beau et noble métier dont tous les voyants, économiques, environnementaux et sociaux, sont au vert », écrivent les salariés de la Scapêche (enseigne Intermarché), qui emploie 257 personnes, dans une lettre ouverte à la présidente de Bloom, Claire Nouvian.
« Contrôlés, régulés, encadrés par l’Union européenne, nous ne comprenons pas l’acharnement systématique de Mme Nouvian à notre encontre », poursuivent les marins et le personnel à terre de l’armement, dans leur courrier dont l’AFP a reçu une copie.
L’association Bloom revendique sur son site internet plus de 730.000 signatures de sa pétition, lancée en juin, exhortant le président François Hollande à soutenir la proposition européenne d’interdire le chalutage en eaux profondes. Selon elle, cette méthode de pêche est une activité « résiduelle, déficitaire et subventionnée » et son « impact environnemental est disproportionné ».
« Nous avons été les premiers à réclamer des quotas sur les espèces de grands fonds et à travailler avec les scientifiques pour améliorer la connaissance de ces ressources », répliquent les salariés de la Scapêche, soulignant que leur activité s’effectue « sur des fonds sableux et vaseux exempts de coraux » et qu’elle ne reçoit « pas plus de subventions que n’importe quel secteur de la pêche ».
« Les espèces que nous pêchons, à savoir le sabre, la lingue bleue, le grenadier, ont atteint leur rendement maximal durable », un seuil qui assure leur renouvellement, poursuivent-ils.
« Si votre lobby anti-pêche porte ses fruits, entre 4 et 10 emplois induits à terre seront détruits soit au total entre 1.500 et 3.000 emplois (…). La Bretagne n’a vraiment pas besoin de cela actuellement », ajoutent-ils.
Le personnel « se sent attaqué et blessé par des procédés qui ne sont pas dignes », a expliqué à l’AFP Sylvain Raithier, employé à terre de la Scapêche, en ajoutant que ce « dénigrement » a entraîné « un ras le bol des troupes ».
Le Parlement européen doit se prononcer mardi sur un nouveau règlement relatif à la pêche en eaux profondes. Début novembre, sa commission Pêche s’est entendue pour encadrer le chalutage en eaux profondes, à défaut de soutenir l’interdiction de cette pratique souhaitée par la Commission européenne mais combattue par la France et l’Espagne.
La Scapêche, basée à Lorient et comptant 18 navires dont six de grands fonds (essentiellement dans l’Atlantique Nord-Est), a débarqué cette année 14.600 tonnes de poissons.