Grèce: les armateurs défendent leurs avantages fiscaux malgré les critiques

« Les commentaires d’une partie de la presse européenne, qui accuse les armateurs grecs d’imposition insuffisante et de ne pas contribuer à la solution de l’impasse de l’économie du pays, sont hypocrites », a estimé Théodoros Véniamis, président de l’Union des armateurs grecs (EEE) dans un communiqué jeudi.

Dressant le bilan de 2012, M. Véniamis a rappelé que l’Union des armateurs grecs avait fait assaut de bonne volonté après l’accession au pouvoir du nouveau Premier ministre conservateur Antonis Samaras, en se déclarant prête à « contribuer à l’effort du gouvernement pour augmenter les recettes fiscales ».

Signe de cette bonne volonté, selon lui, « la nouvelle loi fiscale, votée en janvier 2013, qui prévoit pour la première fois une imposition des armateurs de bateaux battant pavillon étranger ».

Cette loi a permis pour la première fois depuis des décennies d’amender le régime fiscal des armateurs, qui en vertu de l’article 107 de la Constitution grecque, sont exemptés d’impôt sur les bénéfices et ne sont soumis qu’à une taxe forfaitaire basée sur le tonnage et l’âge du bateau.

Ce statut fiscal avantageux leur a été octroyé en 1953 pour permettre la reconstruction de leur flotte anéantie durant la Seconde guerre mondiale, permettant l’éclosion de véritables dynasties des mers, les Onassis et Niarchos étant les plus connus.

Les avantages de la flotte grecque, qui continue d’être la première dans le monde, ont attiré l’attention de l’Union européenne, qui a ouvert une enquête pour savoir « si ces exemptions sont compatibles avec la réglementation du marché interne » européen.

« Nous avons expliqué au gouvernement grec nos arguments en faveur de ce statut fiscal octroyé avant l’entrée de la Grèce dans l’Union européenne (1981) et qui a inspiré des systèmes similaires fiscaux dans la plupart des pays européens et non européens », a souligné M. Veniémis.

Il a souhaité que « les hommes politiques européens continuent de soutenir la compétitivité de la marine marchande européenne ». « Il ne faut pas oublier que sans une politique favorable au secteur, ce dernier allait disparaître ».

Les armateurs grecs contrôlent 3.428 bateaux, d’un tonnage de 245 millions de dwt (port en lourd, unité de tonnage) dont 820 battant pavillon grec avec un tonnage de 74 millions de dwt.

La flotte d’intérêt grec représente 15,56% de la flotte mondiale et contrôle 23,5% et 17,20% des pétroliers et cargos respectivement, selon le bilan annuel de l’EEE.

Moteur avec le tourisme de l’économie du pays, la marine marchande a contribué à hauteur de 8% au produit intérieur brut au cours de ces dernières années tandis que les recettes du secteur en devises en 2011 ont atteint 14 milliards d’euros.

M. Véniamis a rappelé que le secteur emploie près 200.000 personnes en Grèce et s’est félicité du projet de loi du gouvernement qui favorise les contrats individuels au détriment de la convention collective des marins.

Le syndicat de ces derniers, Pno, a observé une grève d’une semaine, que le gouvernement a brisé mercredi en réquisitionnant les grévistes, affichant ainsi sa volonté de suivre les directions imposées par les créanciers UE et FMI en échange des prêts au pays.

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