Vendredi, la Cour suprême de Gibraltar a prolongé de 30 jours l’immobilisation du navire, en plein regain des tensions entre Téhéran et les pays occidentaux, tandis que l’Iran a annoncé avoir « confisqué » un pétrolier britannique dans le détroit d’Ormuz.
– Le Grace 1 arraisonné –
Le 4 juillet, un navire-citerne iranien, le Grace 1, est arraisonné au large de Gibraltar, dans l’extrême sud de l’Espagne, par la police et les douanes de ce territoire britannique, assistées d’un détachement de Royal Marines britanniques.
Le gouvernement de Gibraltar soupçonne que la cargaison de ce bâtiment de 330 mètres était destinée à la Syrie, « en violation » des sanctions de l’Union européenne. Damas est la cible depuis le début du conflit en 2011 de sanctions internationales, qui touchent notamment son secteur pétrolier.
« Nous avons des raisons de croire que le Grace 1 amenait sa cargaison de pétrole brut à la raffinerie de Banias en Syrie », déclare le chef du gouvernement de Gibraltar, Fabian Picardo.
L’opération a eu lieu alors que le pétrolier ralentissait dans une zone utilisée par les navires pour se faire ravitailler et considérée par Gibraltar comme faisant partie des eaux territoriales britanniques. Ce qui est contesté par l’Espagne qui revendique sa souveraineté sur le territoire.
Selon le ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Borrell, l’opération aurait eu lieu à la suite d’une « demande adressée par les Etats-Unis au Royaume-Uni ».
Les tensions entre Washington et Téhéran n’ont fait que s’intensifier depuis que les Etats-Unis se sont retirés en 2018 de l’accord nucléaire conclu entre l’Iran et les grandes puissances en 2015 et ont rétabli des sanctions.
– « Piraterie » –
L’Iran convoque l’ambassadeur du Royaume-Uni pour dénoncer une « interception illégale ». Il demande la « libération immédiate » du pétrolier et évoque un acte de « piraterie ».
Le 5, Gibraltar affirme avoir agi de son propre chef. « Il n’y a eu aucune demande politique à aucun moment de la part d’aucun gouvernement ».
Mohsen Rezaï, ancien commandant en chef des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, suggère que l’Iran saisisse un pétrolier britannique en rétorsion.
Le 7, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, déclare que le pétrolier n’allait pas en Syrie.
« Le nom du port syrien mentionné n’a pas la capacité d’accueillir à quai » un navire de cette taille, selon lui.
Le bâtiment est un pétrolier d’une capacité de 2 millions de litres et avec 12 membres d’équipage.
– Londres mesurera « les conséquences » –
Le 10, le président iranien Hassan Rohani déclare que la Grande-Bretagne mesurera un jour les « conséquences ». La saisie du pétrolier « était un acte insensé », dit-il.
Le même jour, la marine iranienne tente, selon le Royaume-Uni, « d’empêcher le passage » d’un pétrolier britannique dans le détroit d’Ormuz. Les Gardiens de la Révolution nient toute « confrontation » avec des navires étrangers.
Le 12, les quatre officiers indiens de l’équipage, arrêtés et interrogés par les autorités de Gibraltar, sont « libérés sous caution sans charges ».
– Immobilisation prolongée –
Le 13, le ministre britannique des Affaires étrangères Jeremy Hunt affirme que le pétrolier sera rendu si l’Iran apporte des « garanties sur sa destination ».
L’Iran « ne laissera pas cette malveillance sans réponse. Nous y répondrons au moment et à l’endroit opportuns », déclare le 16 le guide suprême Ali Khamenei.
Deux jours plus tard, les Gardiens de la Révolution annoncent détenir « un tanker étranger », l’accusant de se livrer à de la « contrebande » dans le Golfe.
Le 19, la Cour suprême de Gibraltar prolonge pour 30 jours l’immobilisation du pétrolier.
Le même jour, l’Iran annonce avoir « confisqué » un pétrolier britannique dans le détroit d’Ormuz. Londres de son côté dénonce la « saisie de deux navires par les autorités iraniennes », l’un britannique et l’autre « battant pavillon libérien ».