Partis dimanche de Sète, d’Agde, de Port-Vendres ou de Marseille, dans le sud de la France, les 22 navires autorisés à pêcher le thon rouge –un poisson très prisé des Japonais pour les sushis– à la senne (un filet destiné à encercler les bancs de poissons pour les capturer comme dans une poche) mouillent aux Baléares (Espagne) ou à Malte en attendant le début officiel de la campagne, qui dure du 26 mai à minuit au 1er juillet.
« Ils vont sans doute attendre 04H00 ou 05H00 du matin pour partir. Ce n’est pas la course, il y en a pour tout le monde et la météo semble favorable », a expliqué Vincent Scotto, le président de la Sathoan, une coopérative basée à Sète (Hérault) qui réunit une centaine d’adhérents, dont une quinzaine de propriétaires de thoniers senneurs, des navires de 25 à 45 mètres avec à leur bord de 12 à 14 hommes d’équipage.
En raison de la surpêche, les stocks de thon rouge de Méditerranée (thunnus thynnus), poissons migrateur qui vient se reproduire entre mai et juillet en Méditerranée, ont été menacés d’effondrement au milieu des années 2000.
Un plan de « reconstitution » des stocks a été mis en place en 2006, avec l’instauration de quotas, une réduction du nombre de navires autorisés et une surveillance accrue, avec notamment la présence obligatoire d’un inspecteur indépendant à bord de chaque bateau. Il a porté ses fruits, puisque depuis 2018, l’espèce n’est plus considérée comme surpêchée par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT), organisation internationale responsable de la conservation des thons fondée en 1969.
Sa gestions reste « parmi les plus réglementées », souligne le directeur général de la Sathoan, Bertrand Wendling. Cette année, le quota mondial est de 36.000 tonnes, dont 19.000 tonnes pour l’Europe, réparties à part égales principalement entre la France, l’Italie et l’Espagne.
« Il faut rester prudents », souligne M. Wendling, qui « avait proposé » un quota mondial limité à 33.500 tonnes.
Une fois capturés, les thons rouges, qui doivent peser au moins 30 kg, sont remorqués jusqu’à des « fermes », généralement situées en Espagne, où ils sont engraissés jusqu’à atteindre plusieurs centaines de kilos. Ils sont ensuite exportés congelés au Japon, où leur chair grasse constitue un mets très recherché.
« Avec la fermeture du marché japonais à cause du Covid, le prix a chuté à six euros du kilo en 2020 et à huit euros en 2021. Cette année, on devrait revenir à la normale », soit environ 10 euros le kilo, selon Bertrand Wendling.
Le secteur est donc « florissant », mais il provoque « jalousies et tensions », notamment parce qu’il est très difficile d’y rentrer et parce que les propriétaires de petits navires, qui pratiquent la pêche à l’hameçon, voudraient voir leurs quotas augmenter au-delà des 660 tonnes actuelles, souligne encore le patron de la Sathoan.