« La crise de l’eau aggrave des difficultés déjà présentes et elle peut les aggraver davantage », a-t-elle déclaré lors d’un point presse à Mamoudzou, en rappelant que « l’accès à l’eau est un droit fondamental », pour les familles vulnérables, y compris celles en situation irrégulière.
La visite de la Défenseure des droits dans ce territoire intervient dans un contexte de sécheresse exceptionnelle qui entraîne des coupures d’eau de plus de 48 heures, deux fois par semaine, pour ceux qui ont l’eau courante à leur domicile. Mais pour les habitants des nombreux quartiers informels de l’île qui s’approvisionnent à des bornes fontaines, la situation a encore empiré.
Interrogée sur la présence dissuasive des forces de l’ordre stationnées au niveau de ces bornes, Mme Hédon a déclaré l’avoir « déjà entendu » et avoir « déjà alerté dessus » car « cela est contraire au droit d’accès à l’eau ».
Autre préoccupation: l’accès à l’eau en bouteille, dont les distributions sont censées être élargies à tous les publics à partir de mi-novembre. « S’il faut prouver sur la base de documents que l’on habite bien dans telle commune pour bénéficier d’une distribution, je n’ai pas de doute que cela va exclure les plus précaires. Qu’ils soient en situation irrégulière ou non, ces publics n’ont pas toujours les moyens de prouver un lieu de résidence », a souligné Mme Hédon.
Elle s’est aussi inquiétée de l’appréhension d’une partie de la population sans-papiers, dissuadée de se rendre aux distributions par crainte d’un contrôle de police en chemin. « Nous avons conscience de cette question. On alerte là-dessus. La préfecture nous répond qu’il n’y a pas de contrôles à ces endroits-là. C’est difficile de savoir qui est au courant de quoi et je n’ai pas d’accusation à porter », a-t-elle déclaré.
Claire Hédon a également insisté sur les difficultés d’accès aux droits, prestations sociales, et allocations pour les habitants de l’île.
« Nous avons des réclamations de retraités qui n’arrivent pas à toucher leur retraite et demeurent sans revenus pendant six mois, un an, dix-huit mois… Or, ces personnes sont actuellement obligées de s’acheter des bouteilles d’eau », déplore-t-elle.
La cause de ces dysfonctionnements administratifs réside selon elle souvent dans « un parcours professionnel compliqué et parfois dur à retracer ».
Claire Hédon qualifie également de « massif » le non-recours au RSA pour les publics les plus vulnérables. « Il faut l’évaluer davantage. Aujourd’hui, on estime à 4.200, 4.300 individus qui y ont recours », avance-t-elle.
Autant d’observations qui feront l’objet d’un rapport publié ultérieurement.