Depuis le début de l’année, quelque 1.100 Syriens ont gagné l’espace Schengen – dont la Norvège est membre – en passant par l’Arctique via Storskog, le poste-frontière entre la Russie et le pays scandinave.
« Nous voyons qu’une partie de ceux qui arrivent aujourd’hui via Storskog ont longtemps séjourné légalement en Russie », a déclaré mercredi soir le ministre norvégien de la Justice Anders Anundsen à la radiotélévision publique NRK.
« Cela signifie qu’ils n’ont pas fui la guerre ni le dénuement ni la faim, et qu’ils n’ont donc pas besoin d’un havre de paix en Norvège. Ils en ont déjà un en Russie », a-t-il ajouté.
Selon NRK, M. Anundsen, issu de la droite populiste anti-immigration, va envoyer une circulaire aux autorités de l’immigration pour qu’elles oeuvrent en priorité au retour des personnes dans cette situation avec une mise en oeuvre peut-être dès la semaine prochaine.
« Nous allons adopter une pratique assez sévère », a précisé à l’AFP le secrétaire d’État Jøran Kallmyr, issu du même parti.
« Un demandeur d’asile ne peut choisir librement son pays d’accueil », a-t-il ajouté.
Selon lui, environ 30% des demandeurs d’asile arrivés à ce jour via Storskog séjournaient auparavant légalement en Russie.
Le ministre norvégien des Affaires étrangères Børge Brende a dit avoir soulevé la question avec son homologue russe Sergueï Lavrov.
« Nous observons une nette augmentation du nombre (de demandeurs d’asile) qui traversent la frontière alors que presque aucun ne franchit la frontière entre la Russie et la Finlande », a déclaré M. Brende au journal Verdens Gang (VG).
« On se pose la question de savoir s’il y a une différence dans les pratiques côté russe », a-t-il dit.
Malgré un trajet plus long, le détour par l’Arctique est plus rapide et plus sûr pour les migrants que la traversée de la Méditerranée.
Les réfugiés franchissent le poste-frontière russo-norvégien à vélo car les autorités russes interdisent les passages transfrontaliers à pied et les autorités norvégiennes sanctionnent les personnes transportant des migrants dans leur véhicule, jugeant que cela s’apparente à du trafic d’êtres humains.
Au total, la Norvège s’attend à recevoir jusqu’à 23.000 demandeurs d’asile cette année, la plupart passant par la Suède voisine, et 33.000 autres en 2016.
Cet afflux devrait représenter un coût compris entre 40 et 50 milliards de couronnes (entre 4,3 et 5,4 milliards d’euros) sur cinq ans, a affirmé cette semaine le Premier ministre (conservateur), Erna Solberg.