Des photos satellites prises samedi montrent que les militaires chinois sont en train de bétonner la piste du récif de Fiery Cross, dans l’archipel des Spratleys, qui dispose déjà d’une aire de stationnement, de marquages au sol et d’un taxiway parallèle à la piste elle-même, a indiqué le Center for Strategic and International Studies (CSIS) sur son site internet.
Pékin, qui revendique ses droits sur la quasi totalité de la mer de Chine, y mène d’énormes opérations de remblaiement, révélées ces derniers mois, et transforme des récifs coralliens en ports et en infrastructures diverses.
Washington et les pays de la région redoutent un coup de force du géant chinois qui lui donnerait le contrôle, à partir de l’archipel des Spratleys, sur l’une des routes maritimes les plus stratégiques du globe.
Ce vaste archipel corallien –les îles Nansha en chinois– est parsemé d’une centaines d’îlots et de récifs inhabités, revendiqués pour tout ou partie par le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et Brunei.
Avec sa longueur, la piste du récif de Fiery Cross, déjà surnommé le « deuxième porte-avions chinois » par les analystes, peut accueillir toutes sortes d’avions, y compris les chasseurs de l’aéronavale chinoise.
Une lagune du récif –d’une surface désormais de 2,74 km2, selon le CSIS– a été comblée et accueille maintenant un port en cours d’achèvement, qui dispose de neuf jetées provisoires, a indiqué le CSIS.
Du personnel était visible autour de deux héliports et jusqu’à dix antennes de communications ainsi qu’une possible installation radar ont été identifiés, selon le think-tank américain.
Washington a demandé à Pékin l’arrêt des travaux et de la militarisation du récif, tandis que « les Chinois ne montrent aucun signe d’une volonté de le faire », a commenté Bonnie Glaser du CSIS, tout en anticipant une courte pause dans les travaux avec la saison des typhons dans la région.
« Certains des travaux de remblaiement sont terminés », a indiqué lundi un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, sans préciser sur quel atoll des Spratley
Pour Arthur Ding, expert des questions militaires chinoises à l’Université nationale Chengchi de Taïwan, la piste va « sans aucun doute améliorer et accroître les capacités militaires de la Chine en mer de Chine méridionale », grâce à la possibilité d’y déployer des avions de combat, « bien que cela nécessitera un soutien logistique sophistiqué ».
D’autres pays voisins ont également procédé à des travaux de remblaiement sur des récifs des Spratleys, mais à une échelle et un rythme sans commune mesure avec ceux entrepris par l’armée chinoise qui, eux, « vont avoir de graves répercussions en mer de Chine méridionale et pour l’ordre régional », a ajouté M. Ding.
Sept autres récifs ont fait l’objet de travaux de remblaiement et offrent désormais une surface totale de 12,8 km2, selon le CSIS.