A bord du vol présidentiel rentrant mercredi de Sotchi, station balnéaire de la mer Noire où il a rencontré son homologue russe Vladimir Poutine, le chef de l’Etat turc a évoqué devant des journalistes les nouveaux projets de coopération militaire avec la Russie.
« Nous avons parlé de ce que nous pourrions faire concernant la construction des moteurs d’avions et à propos des avions de combat. (…) Un autre domaine dans lequel nous pouvons agir ensemble est la construction de navires. Si Dieu le permet, nous pouvons même prendre des dispositions communes pour des sous-marins », a déclaré M. Erdogan.
Pour le chef de l’Etat turc, pas question de faire un « pas en arrière » concernant la livraison d’une deuxième batterie du système de défense antiaérienne russe S-400. Au contraire, les deux leaders ont parlé de « comment porter à un plus haut niveau » la coopération militaire turco-russe, a-t-il ajouté.
Ces déclarations risquent de tendre encore plus les relations d’Ankara avec Washington, qui a imposé l’année dernière des sanctions envers la Turquie pour l’achat du système de défense antiaérienne russe S-400.
Les Etats-Unis ont aussi exclu Ankara du programme de fabrication de l’avion furtif F-35, faisant valoir que les missiles russes pourraient en percer les secrets technologiques et étaient incompatibles avec les dispositifs de l’Otan.
Lors de son entretien avec des journalistes, M. Erdogan a aussi évoqué cette exclusion et a appelé les Etats-Unis à « livrer les avions ou à rembourser » le paiement de 1,4 milliard de dollars effectué par Ankara pour les F-35.
Plusieurs sujets de désaccord opposent Ankara et Washington. Les relations avec le président américain Joe Biden « n’ont pas « bien commencé », avait déclaré le chef de l’Etat turc la semaine dernière.
La construction de deux nouvelles centrales nucléaires en Turquie, en coopéreration avec la Russie, a aussi été au programme des discussions, a annoncé M. Erdogan.
La première centrale nucléaire de Turquie est en cours de construction par la société russe Rosatom et devrait être opérationnelle pour le centenaire de la république turque en 2023.
La Russie et la Turquie entretiennent des relations complexes partagées entre rivalités régionales et intérêts économiques et stratégiques communs.
Elles soutiennent ainsi des camps opposés en Syrie, dans la région d’Idleb où se trouvent des combattants pro-Ankara et qui échappe au contrôle de Damas, soutenu par Moscou.
Les deux puissances ont parrainé en 2020 un accord de cessez-le-feu dans cette région.
M. Erdogan n’a pas donné de détails sur les discussions des deux leaders concernant le nord de la Syrie, où des raids russes contre des combattants pro-Ankara se sont intensifiés ces dernières semaines.
« On ne peut nier que des problèmes surviennent parfois dans les régions dont on assure la sécurité à Idleb. (…) Nous soulignons l’importance d’agir ensemble à ce sujet », a déclaré le chef de l’Etat turc.
De son côté, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a souligné jeudi la nécessité de « mettre en oeuvre » l’accord de cessez-le-feu, « en termes d’éviction des éléments terroristes d’Idleb ».
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