Le Concordia entamera son dernier voyage en mer mardi

Propriété de l’armateur italien Costa, qui appartient lui-même au groupe américain Carnival, le navire de 114.500 tonnes, redressé en septembre au cours d’une opération sans précédent de rotation de sa coque, y sera alors détruit.

Ce clap de fin aura été précédé par une semaine entière de renflouement du bateau, débutée le 14 juillet: cette opération délicate a vu le paquebot flotter à nouveau « tout seul » et ses différents ponts ressortir de l’eau.

Lent et minutieux, le renflouement a pris plus de temps que prévu, notamment en raison de vents violents ayant soufflé en milieu de semaine.

C’est pourquoi le départ du paquebot du Giglio a été retardé à mardi, au lieu de lundi comme prévu initialement, a annoncé samedi après-midi Franco Gabrielli, le chef de la Protection civile italienne, en charge de la supervision des travaux.

Deux remorqueurs, « l’un néerlandais, l’autre enregistré aux Vanuatu », tireront le géant des mers dont le dernier voyage jusqu’à Gênes à une vitesse « maximum de deux noeuds à l’heure », selon l’ingénieur de chez Costa, Franco Porcellacchia.

Le dernier voyage du géant des mers, qui devrait durer quatre jours, le verra passer à 25 km de la Corse, près de l’île d’Elbe, et à 10 km de l’île italienne de Capraia.

« Seules douze personnes seront autorisées à monter à bord du bateau », a ajouté M. Porcellacchia, en précisant qu’un « plan d’évacuation était prêt en cas de feu ».

En tout, « quatorze embarcations escorteront » le bateau jusqu’à Gênes, parmi lesquelles « deux autres remorqueurs qui seront positionnés à l’arrière du convoi » afin de parer à toute éventualité, a précisé l’ingénieur.

Une fois arrivé à Gênes, le paquebot devra encore être surélevé, jusqu’à ce que sa ligne de flottaison atteigne les 18,50 mètres, afin de pouvoir être amarré aux docks du chantier où il sera dépecé.

« C’est le point d’arrivée le plus attendu des habitants du Giglio, mais également des Italiens, voire du monde entier », a souligné le maire de l’île, Sergio Ortelli.

Menée par Costa et effectuée par le consortium américano-italien Titan-Micoperi, l’opération de sauvetage a un coût total de quelque 1,5 milliard d’euros.

Ce montant recouvre le redressement du paquebot, son renflouement, sa stabilisation, son trajet jusqu’à Gênes puis son démantèlement.

A la tête d’une équipe de quelque 500 personnes expertes en sauvetage de bateau, le Sud-Africain Nick Sloane, pour qui le sauvetage du Concordia restera « son plus grand défi » en vingt ans de carrière, supervisera cette dernière étape.

Il se permettra peut-être de fumer un cigare sur le pont du paquebot, comme il se l’était promis au début de l’aventure.

Le Concordia a fait naufrage le 13 janvier 2012 après avoir violemment heurté un rocher devant le Giglio, entraînant la mort de 32 personnes et faisant des dizaines de blessés sur les plus de 4.200 occupants de 70 nationalités, qui se trouvaient à son bord.

Le corps d’un serveur indien, Russel Rebello, n’a toujours pas été retrouvé malgré d’intenses recherches.

Alors que d’autres membres de l’équipage ont négocié des peines à l’amiable, le commandant du paquebot, Francesco Schettino, est le seul à être actuellement jugé à Grosseto (centre) pour homicides par imprudence, naufrage et abandon de navire.

Aux premières loges depuis le drame, M. Ortelli a exprimé son « soulagement » à l’annonce de la date de départ du paquebot.

« C’est clair que nous aimerions oublier ce qu’il s’est passé mais nous ne pourrons jamais. Nous porterons toujours en nous le souvenir de cet évènement », a-t-il affirmé.

Ce n’est pas le souvenir du bateau qui restera, a-t-il ajouté, mais « celui des victimes ».

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