Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire de ce chef et requis son placement en détention provisoire, a-t-on précisé.
Il s’agit de la première information judiciaire ouverte sur le fondement de la loi prise fin 2012 permettant de poursuivre des Français soupçonnés d’avoir participé à des actes terroristes à l’étranger ou d’être partis s’y entraîner.
M. Le Guen était arrivé mardi matin en France, en provenance de Bamako et avait été immédiatement placé en garde à vue.
Agé de 58 ans, il a été arrêté dans la nuit du 28 au 29 avril dans la région de Tombouctou par les forces spéciales françaises. Il avait été transféré la semaine dernière de Gao (nord) à Bamako, où l’armée malienne devait engager une procédure d’expulsion.
Selon le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, « il avait combattu manifestement déjà dans les groupes jihadistes ». Le ministre a décrit « une dérive individuelle de fanatisme ». « C’est un paumé qui devient terroriste », avait-il expliqué après son arrestation.
Né le 21 février 1955 à Nantes et titulaire d’un brevet de la marine marchande obtenu à la fin des années 80, l’homme a beaucoup voyagé avant de s’installer au Maroc, en Mauritanie puis au Mali depuis cinq ans avec sa deuxième épouse, une Marocaine.
Le parquet de Paris avait ouvert, mi-février, une enquête préliminaire le concernant, pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.
Il avait été repéré en septembre 2012 dans les rangs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) sur un cliché récupéré par les services secrets français. Un membre de la sécurité malienne avait alors expliqué qu’il vivait avec sa famille dans le nord du Mali avant l’arrivée des islamistes et qu’il avait « épousé leurs idées », mais que l’engagement réel de cet aventurier breton était loin d’être avéré.
Dans une vidéo mise en ligne début octobre 2012 sur le site d’information mauritanien Sahara Media, il avait mis en garde « les présidents français, américain » et l’ONU contre une intervention militaire au Mali en préparation contre les groupes islamistes armés qui contrôlaient alors le nord du pays.
Vêtu d’une tunique beige, d’un turban noir, portant une moustache et un bouc, Gilles Le Guen était apparu devant un fond noir portant le sigle d’Aqmi, un fusil-mitrailleur posé à ses côtés.
En novembre 2012, Gilles Le Guen avait été fait prisonnier durant quelques jours par les responsables d’Aqmi à Tombouctou, certains le soupçonnant d’être un espion. Selon d’autres sources, il aurait été arrêté parce qu’il se serait interposé pour empêcher des jihadistes de malmener des femmes.
Sa femme et ses cinq enfants avaient été évacués vers la France il y a deux semaines.