Le baril de référence aux Etats-Unis, le WTI pour livraison en juillet, a grimpé de 1,14 dollar, ou 2,2%, pour finir à 52,28 dollars tandis qu’à Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a fini en hausse de 1,34 dollar, ou 2,2%, à 61,31 dollars.
Ils ont pris jusqu’à 4,5% en cours de séance.
Le marché a été ébranlé par les attaques menées contre deux tankers, norvégien et japonais, en mer d’Oman, en plein Golfe. Une région déjà sous haute tension du fait de la crise entre les Etats-Unis et l’Iran.
Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a désigné l’Iran en évoquant, à l’appui de ses accusations, des informations récoltées par les services de renseignement, « les armes utilisées », les précédentes attaques contre des navires également imputées par Washington à Téhéran, et le fait qu’aucun des groupes alliés de l’Iran dans la région n’ait les moyens d’atteindre « un tel niveau de sophistication ».
Le ministre iranien des Affaires étrangères avait plus tôt dans la journée jugé hautement suspecte la coïncidence entre les « attaques » ayant visé les deux navires et la visite à Téhéran du Premier ministre japonais Shinzo Abe.
Ces incidents constituent en tout cas une nouvelle escalade dans les tensions régionales, un mois quasiment jour pour jour après des attaques contre quatre navires, dont trois pétroliers, au large des Emirats arabes unis. Le conseiller américain à la sécurité nationale John Bolton avait alors affirmé que l’Iran était « très vraisemblablement » derrière ces actes de sabotage.
Les tensions dans cette zone rendent toujours nerveux le marché, qui craint une possible perturbation de l’offre d’or noir.
« Il faut se rappeler que c’est la région du détroit d’Ormuz », boulevard du trafic pétrolier mondial au large de l’Iran, essentiel aux exportations de l’Arabie saoudite, note Tamas Varga, analyste de PVM.
– Tendance à la baisse –
L’incident a donc fait bondir les prix du pétrole alors que le Brent avait fini la séance de mercredi sous les 60 dollars, pour la première fois depuis fin janvier, à 59,97 dollars. Le WTI avait également fini à son plus bas en clôture depuis cinq mois, à 51,14 dollars.
« La tendance était plutôt à la baisse, les investisseurs se concentraient davantage sur la faiblesse de la demande que sur les tensions géopolitiques », a expliqué à l’AFP Geordie Wilkes, analyste pour Sucden, en référence notamment à un bond des stocks américains ces dernières semaines.
Il rappelle toutefois que « les tensions entre l’Iran et les Etats-Unis avaient poussé les prix à la hausse sur les 12 derniers mois ».
Après avoir annoncé en 2018 que les importateurs de pétrole iranien seraient sanctionnés, Washington a annulé fin avril 2019 les exemptions accordées à certains pays, avec l’objectif explicite de faire monter une « pression maximale » sur Téhéran.
Résultat, la production de pétrole de l’Iran a fortement baissé en mai, selon un rapport de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) publié jeudi.
La production de la République islamique a chuté de 227.000 barils par jour (b/j) entre avril et mai, pour atteindre 2,370 millions de b/j, selon des sources secondaires (indirectes) citées par l’Organisation dans son rapport mensuel.
L’Iran voit d’un très mauvais oeil son rival géopolitique, l’Arabie saoudite, en profiter pour ronger sur ses parts de marché, même si la production du Royaume a, pour l’instant, plutôt tendance à reculer en raison de l’affaiblissement de la demande.
Mais si Téhéran a menacé de fermer le détroit d’Ormuz pour paralyser le marché, « la réalité, c’est que l’Iran ne peut pas se permettre de le faire » car « une telle action entraînerait l’usage de la force et une escalade de la situation », a estimé John Hall, analyste pour Alfa Energy.