Le projet de rachat des Chantiers de l’Atlantique par Fincantieri maintenu en vie

L’accord de cession prévoyait que l’opération lancée en 2017 et prolongée depuis à quatre reprises soit finalisée d’ici au 31 décembre.

Or, le groupe public italien n’a toujours pas soumis à la Commission européenne les informations qu’elle lui réclame dans le cadre de son enquête approfondie sur l’impact de la vente pour la concurrence dans le secteur de la construction navale, Fincantieri affirmant de son côté avoir déjà fait tout ce qu’il doit et peut faire pour cette acquisition.

Le gouvernement français a finalement proposé à Fincantieri « la prolongation de l’accord de vente et d’achat pour une nouvelle durée d’un mois », selon un message du ministère reçu par l’AFP.

Pour justifier le nouveau délai, le ministère français fait valoir que « compte tenu de la crise du Covid-19 qui a fortement affecté l’activité de la croisière, il a été décidé de suspendre les travaux de la Commission au printemps ».

Aussi « la prolongation de la crise économique et le manque de visibilité du secteur de la croisière rendent(-ils) complexes l’étude par la Commission du dossier », selon le ministère.

Ce nouveau délai doit « permettre à la Commission de finaliser son instruction et à Fincantieri de répondre aux dernières questions posées par la Commission », selon Bercy.

En maintenant en vie le projet de rachat pour un mois supplémentaire, le gouvernement français espère débloquer un dossier encalminé et qui pourrait fort bien le rester: pour la Commission européenne, « la montre est bloquée » car « les informations manquantes ne sont pas fournies par les parties ».

« Nous avons fourni tous les éclaircissements qui ont été demandés par Bruxelles, il se confirme donc que le dossier est de nature politique. Paris nous a demandé de prolonger d’un mois l’échéance pour la finalisation de l’accord et nous accepterons », a réagi mercredi un porte-parole de Fincantieri auprès de l’AFP.

Les deux gouvernements devaient adresser une lettre conjointe aux commissaires européens chargés de la concurrence et du marché intérieur, Margrethe Vestager et Thierry Breton, selon le ministre italien du Développement économique Stefano Patuanelli.

– Un sujet devenu « purement politique » –

Pour David Samzun, maire socialiste de Saint-Nazaire où sont implantés les Chantiers, « la volonté politique n’est pas là ».

« Je l’ai toujours dit, le sujet n’est plus un sujet financier, le sujet aujourd’hui est purement politique, c’est-à-dire qui prend la responsabilité politique de la non-réalisation de ce contrat et de la non-vente? », affirme à l’AFP l’élu opposé au projet de rachat, tout comme les présidents du département et de la région.

« Ce n’est pas une bonne nouvelle », a pour sa part réagi le syndicat Force ouvrière, favorable à ce que l’État français « garde pleinement le contrôle des Chantiers de l’Atlantique ».

Depuis la faillite de la maison mère sud-coréenne des Chantiers, l’entreprise de Saint-Nazaire, spécialisée dans les paquebots et navires militaires de grande taille, est détenue par l’État français (84,3% du capital), Naval Group (11,7%), les salariés (2,4%) et des sociétés locales (1,6%).

Depuis 2017, un projet de cession prévoit que Fincantieri détienne 50% du capital, plus 1% supplémentaire prêté par l’État français -qui se réserve le droit de le reprendre si le groupe italien ne respectait pas ses engagements.

Le dossier est stratégique, le secteur de la construction des grands navires de croisière constituant encore une chasse gardée européenne face à la concurrence asiatique. Trois chantiers se partagent le marché: les Chantiers de l’Atlantique, Fincantieri et l’allemand Meyer Werft.

Or, une alliance nouée entre l’entreprise italienne et le chinois CSCC pour construire des paquebots fait craindre que le loup entre dans la bergerie.

Le sujet est également sensible sur le plan diplomatique, le chef du gouvernement Giuseppe Conte ayant par le passé déploré un comportement « ambigu » et « peu compréhensible » de Paris sur le dossier.

Déplorant « un mois d’instabilité supplémentaire », le maire de Saint-Nazaire déplore que l’exécutif français ne soit « pas capable de dire: stop, l’Etat reprend les manettes pour trouver un autre scénario ».

boc-mas-mra-glr/tq/swi

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