« Nous avons attendu une nuit, nous ne pouvons pas attendre plus. On ne peut pas jouer avec le désespoir de personnes dans le besoin », a écrit l’ONG Sea-Watch jeudi matin.
Mais le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, s’oppose fermement à tout débarquement des migrants, à moins qu’ils ne soient immédiatement transférés aux Pays-Bas, pays dont le navire bat pavillon, ou en Allemagne, pays de l’ONG Sea-Watch.
De plus, M. Salvini exige que l’équipage soit arrêté et le navire séquestré, comme il l’avait fait lors de précédents épisodes où des navires humanitaires, en particulier le Sea-Watch, ont débarqué en Italie des migrants secourus en mer.
La justice n’avait alors pas suivi mais depuis, le gouvernement italien a adopté un « décret-loi sécurité bis » qui a permis à M. Salvini d’interdire expressément au Sea-Watch de pénétrer dans les eaux italiennes.
Et la jeune capitaine du navire, Carola Rackete, a sciemment désobéi à cet interdit. « Je suis prête à aller en prison pour cela », a-t-elle déclaré mercredi, affirmant suivre le droit maritime.
M. Salvini réclame en effet son arrestation: « J’espère que dans les prochaines heures, il y aura un juge pour affirmer qu’il y a des hors-la-loi à bord de ce bateau, à commencer par la capitaine », a-t-il encore déclaré jeudi matin à la radio.
La jeune femme et les responsables de Sea-Watch risquent des poursuites pour aide à l’immigration clandestine et, en vertu du nouveau décret-loi, une amende de 50.000 euros et la saisie du navire.
Jeudi à la mi-journée, un appel aux dons lancé mercredi sur Facebook pour payer les frais de justice de l’ONG avait déjà récolté plus de 113.000 euros.
Et pendant que les 42 migrants patientent sur le Sea-Watch, les arrivées ne cessent pas: 34 migrants ont été interceptés mercredi soir par une vedette de la police et conduits en Sicile, tandis que 10 autres sont arrivés jeudi à l’aube à Lampedusa à bord d’une petite barque vraisemblablement partie de Tunisie.