M. Abou Zeid, âgé d’une trentaine d’années, avait été condamné à la peine capitale avec trois autres hommes pour avoir abattu par balle en 2009 John Granville, travaillant pour l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) et son chauffeur Abdelrahman Abbas Rahama.
Les quatre hommes étaient parvenus à s’évader en 2010 en creusant un tunnel, tuant un policier et blessant un autre. M. Abou Zeid avait été rattrapé, l’un de ses co-détenus est toujours en fuite et les deux autres sont présumés morts en Somalie en 2011.
Le meurtre de M. Granville n’avait fait qu’envenimer les relations américano-soudanaises, au plus bas sous Omar el-Béchir, dictateur déchu en 2019.
Dans la foulée de sa chute, le gouvernement civil avait négocié des dédommagements avec Washington et « la cour suprême » a ensuite « pris une décision » de libération, a expliqué à l’AFP Me Adel Abdelghani, l’avocat de M. Abou Zeid.
« Il a donc été libéré lundi de la prison de Kober » à Khartoum, a-t-il ajouté.
Washington avait inscrit en 1993 le Soudan sur sa liste noire des Etats soutenant le terrorisme pour avoir offert l’asile au fondateur du groupe Al-Qaïda, Oussama Ben Laden jusqu’en 1996.
Les relations ne se sont réchauffées que sous le gouvernement d’Abdallah Hamdok, visage de la transition démocratique brutalement limogé par un putsch en octobre 2021.
Pour sortir de la liste noire, son cabinet avait accepté de verser 335 millions de dollars aux familles des victimes des attentats d’Al-Qaïda en 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie (plus de 200 morts), contre le navire de guerre USS Cole au Yémen en 2000 et le meurtre de M. Granville.
En 2020, Washington a retiré Khartoum de cette liste et en 2022, John Godfrey est devenu le premier ambassadeur des Etats-Unis au Soudan depuis 25 ans.
Comme l’ensemble de la communauté internationale, Washington conditionne toujours la reprise de son aide de 700 millions de dollars par an –vitale pour l’un des pays les plus pauvres au monde– au retour des civils au gouvernement.