« A mon sens, décider de militariser à outrance Mayotte n’est pas la réponse appropriée », a déclaré vendredi le ministre comorien de l’Intérieur Fakridine Mahamoud.
« C’est une réponse qui va à contre-sens de l’histoire de notre continent, l’Afrique, et qui risque d’exacerber les tensions déjà élevées dans l’île », a-t-il ajouté.
Mayotte est un département français dont la souveraineté est toujours revendiquée par les Comores.
Le ministre français des Outremers Manuel Valls a évoqué un futur « soutien de la base navale » à Dzaoudzi ainsi qu’un « soutien des bâtiments de la Marine nationale » mercredi à l’Assemblée nationale à Paris dans le cadre de la prochaine loi de programmation pour la refondation de Mayotte.
Alors qu’il était interrogé par la Commission de la Défense, la députée de Mayotte Estelle Youssouffa lui a demandé s’il serait prévu dans cette loi la « construction d’une base militaire navale dans le nord de Mayotte pour protéger (la) frontière » ainsi que la « construction du commandement de gendarmerie en Grande-Terre ».
« Que ce soit sur l’idée de soutien de la base navale afin de garantir la surveillance permanente de l’approche du territoire et assurer le soutien des bâtiments de la Marine nationale, comme sur le commandement de la gendarmerie, oui ces éléments seront dans la loi », a répondu Manuel Valls.
« Le ministre n’a pas évoqué la création d’une nouvelle base navale à Mayotte », a indiqué son entourage à l’AFP.
Le détachement de Légion étrangère de Mayotte (DLEM) compte environ 300 hommes, selon des chiffres publiés sur le site de la préfecture de Mayotte. Tandis que la Marine nationale y disposait avant le passage en décembre du cyclone Chido de deux vedettes, un intercepteur et deux navires logistiques attachés à la base navale de Dzaoudzi, d’après le ministère de la Défense.
Mayotte a été dévastée par le passage le 14 décembre du cyclone Chido, qui a provoqué la mort d’au moins 40 personnes dans l’archipel.
Lors de la proclamation de l’indépendance des Comores, Mayotte a choisi de rester en France par deux référendums en 1974 et 1976.
Le bras de mer séparant l’archipel des Comores de Mayotte, devenu un département français en 2011, est une route migratoire aussi empruntée que meurtrière.
Un rapport sénatorial estimait que sur la période de 1995 à 2012, entre 7.000 et 12.000 personnes étaient mortes ou disparues dans une tentative de traversée.