Chaque jour, une armée de travailleurs venus notamment de Birmanie ou du Cambodge, légaux ou illégaux, s’activent sur des chalutiers rouillés ou aident à décharger les poissons dans les ports du pays.
Shi-Jai, qui vient de l’Etat Mon, en Birmanie, gagne environ 7 euros par jour dans le port de Pattani, dans l’extrême sud du royaume en proie à une insurrection séparatiste menée par des militants musulmans, qui a fait plus de 5.700 morts depuis 2004.
« Ce n’est pas beaucoup, mais c’est plus que ce que je peux gagner chez moi », commente-t-elle, pendant qu’un homme à l’air sévère surveille des femmes, et quelques enfants, en train de trier la pêche du matin.
La Thaïlande est le troisième exportateur mondial de poissons en valeur, avec environ 7 milliards de dollars par an.
Mais le pays est également dans le collimateur de la communauté internationale en raison d’accusations évoquant des pêcheurs immigrés parfois transformés en quasi-esclaves.
L’Organisation internationale du travail (OIT) a dénoncé début septembre de « graves abus » sur les bateaux de pêche, décrivant des immigrés illégaux à la merci de violences et du travail forcé.
Selon cette étude de l’OIT, 17% des quelque 600 employés du secteur interrogés (parmi lesquels de nombreux Cambodgiens et Birmans en situation irrégulière) ont dit avoir été forcés à travailler, sous la menace de pénalités financières, de violence, ou de dénonciation aux autorités.
Et 10% des personnes interrogées ont assuré avoir été battues à bord tandis que plus de 25% témoignaient de journées de travail sans fin, avec des astreintes jusqu’à 24 heures sur 24.
Les Etats-Unis, un des marchés majeurs pour les produits de la mer thaïlandais, ont inscrit le royaume sur la liste des pays à surveiller en matière de trafic d’êtres humains.
Mais de nombreux travailleurs immigrés s’inquiètent plus des difficultés à gagner leur vie dans leur pays.
« Nous n’avons pas pu trouver de travail au Cambodge, alors nous sommes venus ici », raconte Makka, pêcheur de 21 ans dont le visage buriné lui donne quelques années de plus.
« Certains ont des permis de travail, d’autres pas (…). Mais nous avons tous besoin de travail », insiste-t-il.