L’îlot de Tromelin livre les derniers secrets de ses esclaves oubliés

Le Groupe de recherche en archéologie navale (GRAN), avec le concours de l’Inrap (Institut national de recherche archéologique préventive), a achevé ce méticuleux travail la semaine dernière, a-t-on appris lundi auprès des TAAF (Terres australes et antarctiques françaises), qui gèrent ce minuscule territoire.

En avril 1761, l’Utile, navire de la Compagnie des Indes orientales, transportant clandestinement 160 esclaves, s’échoue sur l’Ile de Sable, aujourd’hui appelée Tromelin, îlot corallien de 1 km2, situé à 560 km au nord de la Réunion. Deux mois après le naufrage, 122 hommes d’équipage repartent sur un bateau de fortune fabriqué avec les débris du navire et promettent aux 88 esclaves rescapés de revenir les chercher.

Ce n’est que 15 ans plus tard que 7 femmes et 1 enfant, les seuls survivants, seront récupérés par le Chevalier de Tromelin qui donna son nom à l’île.

En 2006, 2008 et 2010, trois campagnes archéologiques financées par l’Unesco, placées sous l’égide du préfet administrateur des TAAF, ont mis au jour de nombreux objets révélant les conditions de vie de ces esclaves: fours, briquets, outils en cuivre….

Les fouilles ont permis de découvrir trois bâtiments construits avec des blocs de corail et dont l’épaisseur des murs dépassaient un mètre, pour se protéger d’un soleil dardant sur cette île n’accueillant que quelques arbustes, et des violents cyclones qui balaient cet îlot culminant à 8 mètres au dessus de la mer.

La dernière campagne de 45 jours s’est achevée le 4 octobre. « La fouille de cette année a permis de terminer l’étude de l’habitat », selon les participants.

« Ce travail a toutefois été malaisé à cause des destructions » provoquées par le temps et l’installation d’une station météo sur l’île dans les années 50, ont-ils regretté. Il a toutefois « démontré la maîtrise par cette population de son habitat et de son environnement », ont-ils expliqué, indiquant avoir également découvert de nombreux outils (burins, grattoirs, haches, etc) grâce à des fouilles menées pour la première fois avec une mini-pelle mécanique.

« Cette campagne a permis d’explorer la totalité des vestiges archéologiques accessibles sur l’île de Trolemin », ont estimé les membres de l’expédition, sous la conduite de Max Guérout, archéologue au GRAN. « Le travail de terrain s’achève et commencent les missions d’études, de conservation et de restitution des découvertes », ont-ils indiqué.

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