L’OMC « prudemment optimiste » au début des négociations sur la pêche et l’agriculture

Abou Dhabi, 27 fév 2024 (AFP) – La directrice générale de l’OMC a fait part mardi d’un optimiste prudent à l’ouverture officielle des difficiles négociations sur la pêche et l’agriculture au deuxième jour de la réunion ministérielle de l’organisation à Abou Dhabi.

« Nous en sommes au tout début. Donnons-nous un peu de temps… mais je peux vous dire que je suis prudemment optimiste », a brièvement déclaré Ngozi Okonjo-Iweala aux journalistes.

Les 164 membres de l’OMC prennent leur décision par consensus, mais l’Inde, porte-parole des préoccupations d’autres pays en développement, joue un rôle décisif dans plusieurs dossiers, dont la pêche et l’agriculture.

Le ministre indien du Commerce, Piyush Goyal, n’était pas encore arrivé mardi à Abou Dhabi, sur fond de campagne électorale dans son pays. Alors que son absence fait parler dans les couloirs de la réunion ministérielle, la directrice générale de l’OMC l’a excusé, indiquant qu’il était pris par un événement en Inde.

M. Goyal est attendu mercredi dans la capitale des Emirats arabes unis, a confirmé à l’AFP un chargé de communication.

Le dossier agricole, hautement sensible comme l’ont montré les récentes manifestations d’agriculteurs en Europe et en Inde, est âprement négocié, mais les attentes sont faibles.

Une source proche des discussions a souligné qu’il est encore trop tôt pour prédire l’issue des négociations, tout en relevant qu’il y a désormais « une ouverture d’esprit et une volonté de trouver une solution ».

« La distance entre les positions est moins grande que par le passé au niveau technique, mais c’est très difficile sur le plan politique », a ajouté cette source, en faisant référence à la colère des agriculteurs et aux élections à venir dans plusieurs pays.

Mme Okonjo-Iweala avait « imploré » lundi les pays d’établir au moins « une plateforme » en vue de discussions ultérieures.

« La question la plus difficile est celle des stocks publics de denrées alimentaires », pour assurer la sécurité alimentaire des populations, a signalé le directeur de la division agriculture à l’OMC, Edwini Kessie.

Plusieurs pays, l’Inde en tête, demandent qu’un accord temporaire à ce sujet trouvé en 2013 devienne permanent.

– « Equilibre entre interdictions et flexibilités » –

Sur la pêche, un premier accord avait été arraché en 2022 après plus de vingt ans de discussions pour interdire les subventions à la pêche INN (illicite, non déclarée et non réglementée), à la pêche des stocks surexploités et à la pêche en haute mer non réglementée, tout en incluant des flexibilités pour les pays en développement.

Les ministres espèrent désormais régler les questions restées depuis en suspens, à savoir interdire les subventions favorisant la surpêche et la surcapacité, sauf si elles entrent dans le cadre d’un mécanisme de gestion durable de la ressource halieutique.

Le commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis, a dit mardi à l’AFP vouloir conclure cette seconde vague de négociations à Abou Dhabi, en assurant que les Européens sont « ouverts » à la discussion sur les flexibilités aux pays en développement tant qu’elles « ne remettent pas en cause » les objectifs de durabilité.

Selon une source diplomatique française, il y a « quelques sujets de sensibilité, quelques discussions à avoir, notamment avec l’Inde et avec certains pays ».

Les ONG sont partagées, mais sont nombreuses à affirmer que l’accord serait un pas dans la bonne direction.

« Le meilleur résultat est celui qui ne prévoit aucune flexibilité », a estimé Enrique Sanjurjo, de l’ONG Pesca Alternativa, lors d’une table ronde, en marge de la ministérielle.

« Nous espérons que les membres seront en mesure de trouver cet équilibre entre les interdictions et les flexibilités », a nuancé Anna Holl-Buh du WWF.

Le texte répartirait pour l’essentiel les pays membres en trois groupes, les plus grands pourvoyeurs de subventions, y compris s’il s’agit de pays en développement, étant soumis à des règles plus strictes.

Des flexibilités sont prévues pour les autres pays en développement. L’Inde demande une période de transition – 25 ans – jugée par certains trop longue.

Plusieurs sujets de tensions sont sur la table, dont la définition de la pêche artisanale, les subventions aux carburants et le travail forcé sur les navires de pêche.

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