Dans une allocution au Congrès mardi soir, le président américain a répété que les Etats-Unis allaient « reprendre » le canal pour « renforcer encore notre sécurité nationale ».
« La Chine exploite le canal de Panama et nous ne l’avons pas donné à la Chine, nous l’avons donné au Panama. Et nous allons le reprendre », avait-il déjà martelé en janvier, dans son discours d’investiture.
Or, en réalité, cette voie d’eau est gérée et administrée par l’Autorité du Canal de Panama, un organisme indépendant créé par la Constitution panaméenne.
Mardi, le consortium américain mené par BlackRock, où l’on retrouve aussi Global Infrastructure Partners (GIP, que Blackrock a acquis en 2024 pour 12,5 milliards de dollars) et la société Terminal Investment, a prévu de débourser près de 19 milliards de dollars, en incluant une dette nette de cinq milliards de dollars.
– « Trump ment » –
Les parties en présence ont précisé dans un communiqué commun et une déclaration à la Bourse de Hong Kong être entrées dans une période de négociations exclusives de 145 jours.
« Je voudrais insister sur le fait que la transaction est de nature purement commerciale et totalement sans rapport avec les récentes informations de presse en matière politique concernant les ports du Panama », a relevé Franck Sixt, un responsable de CK Hutchison, cité dans le communiqué.
« Cette transaction est le fruit d’un processus rapide, discret mais compétitif au cours duquel de nombreuses offres et marques d’intérêt ont été reçues », a-t-il précisé.
Dans la même veine, le gouvernement panaméen a réagi en insistant dans un communiqué sur le fait qu' »il s’agit d’une transaction mondiale, entre entreprises privées, motivée par des intérêts mutuels ».
Il a également assuré que l’audit entamé par les autorités panaméennes et destiné à vérifier qu’Hutchison Ports PPC (également connue sous le nom de Panama Ports Company), la filiale qui exploite actuellement ces ports, respecte ses engagements financiers, devait « se poursuivre ».
Et mercredi sur X le président panaméen José Raul Mulino a reproché à son homologue américain de mentir. « Une fois de plus, le président Trump ment. Le canal de Panama n’est pas en cours de restitution ».
CK Hutchison est un immense empire commercial, fondé par le milliardaire hongkongais Li Ka-shing.
Sa filiale Hutchison Ports PPC gère depuis 1997 le port de Cristobal, du côté Atlantique du canal, et celui de Balboa, du côté Pacifique. Elle a obtenu une première concession de 25 ans, qui a été prolongée de 25 années supplémentaires en 2021.
Le canal, construit par les Etats-Unis et inauguré en 1914, est passé aux mains des Panaméens en 1999 dans le cadre de traités bilatéraux, négociés sous le mandat du président démocrate Jimmy Carter.
Les Etats-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce passage reliant les océans Pacifique et Atlantique, par lequel transite 5% du commerce maritime mondial.
– Reprise –
En vertu de l’accord de principe, le consortium américain doit mettre la main sur 90% de PPC ainsi que sur 80% d’une filiale détenant et administrant 43 ports dans vingt-trois autres pays.
En revanche, le groupe CK Hutchison doit conserver HPH Trust, la société gérant les ports de Hong Kong, de Shenzhen ainsi que d’autres infrastructures portuaires chinoises, a précisé le communiqué.
Selon M. Sixt, cette opération est « clairement dans le meilleur intérêt des actionnaires » du groupe hongkongais.
Les marchés ont d’ailleurs accueilli l’opération avec enthousiasme : l’action de CK Hutchison a bondi de jusqu’à 25% mercredi à la Bourse de Hong Kong, les analystes jugeant qu’il pourrait désormais utiliser ces nouveaux fonds pour élargir son portefeuille dans des actifs moins sujets aux tensions géopolitiques.
« Cet accord offre une puissante illustration de la plateforme (créée) par le regroupement de BlackRock avec GIP et de notre capacité à proposer des investissements diversifiés à nos clients », a commenté de son côté Larry Flint, le patron de BlackRock, cité dans le communiqué.
Le groupe américain est le premier gestionnaire d’actifs du monde.
Terminal Investment a été créé en 2000 pour, selon son site internet, garantir des capacités disponibles dans les terminaux de conteneurs de grands ports sur la planète pour son principal client, le géant du transport maritime MSC.
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