La tentative de départ a eu lieu depuis la plage de Tardinghen, dans le Pas-de-Calais, vers 05H30, dans un contexte de multiplication de ces tentatives à la faveur de conditions météorologiques favorables, explique la préfecture dans un communiqué.
« L’embarcation qui s’avérait être en très mauvais état s’est dégonflée immédiatement après son départ » et « les migrants à son bord se sont alors retrouvés dans l’eau et ont regagné la plage en nageant », rapporte-t-elle, soulignant que « tous n’étaient pas équipés de gilet de sauvetage ».
« Un homme de nationalité indienne d’environ 40 ans », en arrêt cardio-respiratoire, n’a pas pu être ranimé par les gendarmes, qui lui ont fait un massage cardiaque, puis les secours qui ont pris le relais.
Les rescapés ont été pris en charge par les sapeurs-pompiers et la protection civile. Un correspondant de l’AFP les a vus regroupés dans la cour d’un corps de ferme jouxtant la plage, où des feux ont été allumés pour les réchauffer.
– Côtes anglaises visibles –
Le corps de l’homme décédé a été placé sous un drap blanc sur un petit parking de la plage, gardé par quatre gendarmes qui détournent les promeneurs et les randonneurs.
Sous un grand ciel bleu, les côtes anglaises, que tentent de gagner les exilés, sont nettement visibles depuis la plage.
La préfecture souligne que, dimanche matin, plusieurs autres tentatives « ont été empêchées par les policiers et les gendarmes, notamment à Equihen-Plage, Calais et Sangatte ».
Le décès de dimanche vient alourdir le bilan humain déjà très lourd de l’année 2024, avec au moins 56 morts dans ce type de traversées, dont quatre ces dix derniers jours.
Noyades et bousculades mortelles, sur des canots surchargés à bord desquels peu de passagers disposent de gilets de sauvetage, ont fait de 2024 l’année la plus meurtrière depuis le début en 2018 du phénomène des small boats, ces frêles embarcations utilisées pour tenter de rejoindre l’Angleterre.
Mercredi matin, trois migrants, une femme et deux hommes, sont décédés après que leur canot a fait naufrage à deux kilomètres au large des côtes françaises.
La semaine précédente, un nourrisson de quatre mois est décédé après que le canot où il se trouvait s’est déchiré.
Le 5 octobre, un enfant de deux ans, deux hommes et une femme sont morts, écrasés sur des canots surchargés selon les premiers éléments de l’enquête.
Le pire naufrage de l’année remonte au 3 septembre. Au moins douze migrants, pour la moité mineurs, sont morts quand leur embarcation s’est disloquée. Huit autres sont décédés dans la nuit du 14 au 15 septembre dans un autre naufrage.
Ce vendredi, trois migrants ont en outre été blessés lors de tentatives de traversée et ont dû être transportés à l’hôpital. L’un avait été piétiné et deux autres se trouvaient en état d’hypothermie, dont un en hypothermie sévère.
Pour cette seule journée de vendredi, les autorités britanniques ont recensé 424 exilés tentant de gagner leurs côtes sur sept embarcations.
« On n’en peut plus de cette politique migratoire. Pour nous c’est elle qui est responsable (de ces décès, NDLR). Bruno Retailleau (ministre de l’Intérieur, NDLR) a lui-même reconnu que ce sont les conséquences des effets néfastes de l’efficacité de la politique migratoire », a réagi auprès de l’AFP Axel Gaudinat, coordinateur de l’association Utopia 56 à Calais, présent à Tardinghen.
Les canots souvent surchargés des migrants empruntent l’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde, où plus de 600 navires de commerce transitent chaque jour, ce qui en fait un secteur dangereux y compris lorsque la mer semble belle.
Élu en juillet, le gouvernement britannique du travailliste Keir Starmer a promis de s’attaquer à l’immigration illégale en augmentant le nombre d’expulsions de migrants et en luttant contre les passeurs.