« Le fonctionnement de l’hôpital s’effondre », déplore lors d’un rassemblement devant l’hôpital Sophie Fouchard, cheffe de pôle de la médecine de secteur au centre hospitalier de Mayotte (CHM), souhaitant « alerter la population, le ministère de la Santé et sa direction ».
A ses côtés, ils sont plus d’une cinquantaine à être venu exprimer leur « ras le bol » et à avoir rejoint le piquet de grève, alors que le territoire est confronté à une épidémie de choléra.
« Nous ne sommes pas nombreux. Mais il y a là, la quasi-totalité des médecins titulaires », indique Charlène Ledoux, vice-présidente du syndicat des praticiens hospitaliers de Mayotte. Au total, ils sont 57 titulaires au sein du centre hospitalier.
Cela fait plus d’un an que le CHM est en « plan blanc » et fonctionne en mode dégradé.
Le « plan blanc » permet à l’hôpital de mobiliser immédiatement les moyens de toute nature dont il dispose en cas d’afflux de patients, ou pour faire face à une situation sanitaire exceptionnelle.
« L’hôpital survit grâce aux réservistes et aux remplaçants. Cela fait des mois que l’on tire la sonnette d’alarme », poursuit Sophie Fouchard. Sur les 300 postes de médecins, « seuls 200 sont occupés », relève Jean-Mathieu Defour, directeur général du centre hospitalier. Et souvent, ce sont des praticiens qui ne restent pas. Aux urgences, il n’y a désormais plus que quatre médecins pour 37 postes.
Pour tenter d’attirer de nouveaux praticiens sur l’île, l’hôpital envisage de faire appel à des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue). « Ce sont des praticiens qui n’ont pas passé leur équivalence en France. Ce qui implique une baisse de la qualité de la prise en charge », dénonce Nadjaty Harouna, vice-présidente de la commission médicale d’établissement.
Jean-Mathieu Defour se veut toutefois rassurant: « C’est un système qui peut permettre de trouver des solutions mais il ne faut pas que ça devienne le mode de recrutement unique. Il faut que cela soit réglementé et fait dans les meilleures conditions possibles ».