« Nous avons porté secours à des gens en détresse en mer, nous avons appliqué le principe de solidarité entre gens de mer », a expliqué lundi à l’AFP Pasquine Albertini, le porte-parole de la compagnie.
Ces migrants candidats à l’exil vers l’Europe, dont des mineurs, étaient a priori en mer depuis plusieurs jours quand ils ont croisé la route du Méditerranée, un ferry de la Corsica Linea parti d’Alger dimanche pour Marseille, avec plus de 2.000 passagers à bord.
A la dérive sur un petit bateau à moteur apparemment en panne d’essence, ils ont été hissés à bord du Méditerranée et aussitôt examinés par le personnel médical : « Leur état de santé est relativement bon », a souligné le porte-parole de la compagnie.
Ces 18 migrants, sans doute originaires d’Afrique du nord, ont été débarqués dans le port d’Alcudia, à Majorque, dans la journée de lundi : « Conformément à la réglementation internationale, le navire les a débarqués dans le port sûr le plus proche », a ajouté Mme Albertini, en précisant que le ferry avait repris sa route vers Marseille, où il doit arriver mardi.
Selon des photos du sauvetage obtenues par l’AFP auprès d’un ancien commandant de la compagnie, le canot dans lequel se trouvaient ces migrants est un bateau à coque rigide équipé d’un seul moteur, pouvant transporter une dizaine de personnes au maximum.
– Les ONG sous pression –
Si les sauvetages de migrants en mer sont fréquents de la part des navires de commerce – porte-conteneurs, tankers ou minéraliers -, ils sont beaucoup plus rares de la part de navires transportant des passagers.
Les sauvetages par les ONG comme SOS Méditerranée ne sont qu’une part minoritaire de l’ensemble des sauvetages en mer. La proportion des secours en mer par les navires humanitaires avait atteint 40%, son maximum, en 2017, selon un rapport des garde-côtes italiens qui coordonnaient alors toutes ces opérations en Méditerranée.
Depuis cette date, de nombreux navires humanitaires sont empêchés d’opérer, placés sous séquestre ou victimes de procédures judiciaires. Et les ports maltais et italiens sont désormais presque totalement fermés aux dernières ONG qui tentent encore de sauver des vies en Méditerranée, comme SOS Méditerranée et Médecins sans frontières avec l’Ocean Viking.
Le navire humanitaire Eleonore de l’ONG allemande Lifeline, avec une centaine de migrants à bord, a ainsi été saisi lundi par les autorités italiennes après avoir violé l’interdiction d’entrée dans les eaux territoriales pour accoster au sud de la Sicile.
L’Ocean Viking, de retour à Marseille le 27 août, après avoir sauvé 356 migrants à la dérive, a annoncé vouloir repartir « le plus vite possible ».
La Corsica Linea, qui a racheté au printemps 2016 l’ex-SNCM (Société nationale Corse-Méditerranée), emploie quelque 880 salariés. Elle effectue notamment les liaisons entre la Corse et le continent dans le cadre d’une délégation de service public. Elle assure également le transport des passagers et de leurs véhicules entre Marseille, la Sardaigne (Porto Torres) et le Maghreb (Alger, Béjaïa, Tunis).