Le pétrolier iranien libéré par Gibraltar est au large des côtes libano-syriennes

Le navire erre en Méditerranée depuis qu’il a quitté Gibraltar le 18 août, après six semaines d’immobilisation. Le flou le plus total règne sur sa destination et le sort de sa cargaison.

Lundi, il était dans les eaux internationales, à environ 80 kilomètres au large de Tripoli, dans le nord du Liban, selon le site de suivi TankerTrackers.

La veille, le navire, qui transporte 2,1 millions de barils de brut d’une valeur de 126 millions d’euros, se trouvait plus au nord, au large du port syrien de Tartous, selon le site de suivi MarineTraffic.

Pour des experts, le scénario le plus plausible reste un transfert de la cargaison sur des pétroliers plus petits — une opération appelée « ship-to-ship ».

Selon TankerTrackers, le navire doit décharger une partie de sa cargaison s’il souhaite traverser le canal de Suez et rentrer en Iran.

Deux scénarios sont envisageables, juge Samir Madani, co-fondateur de TankerTrackers.

Le premier est un transfert de cargaison vers le navire « Sandro », détenu par un riche homme d’affaires syrien. Dans ce cas « le pétrole ira probablement en Syrie », dit-il, alors que le régime syrien, soutenu par l’Iran, fait l’objet de sanctions économiques américaines.

Mais si le pétrole est déchargé sur d’autres navires iraniens, il finira probablement en Iran, d’après M. Madani.

Ces dernières semaines, la Grèce, la Turquie et le Liban avaient annoncé ne pas avoir reçu de demande d’ancrage du navire alors qu’il se rapprochait de la Méditerranée orientale.

Adrian Darya 1, alors nommé Grace 1, avait été saisi le 4 juillet au large de Gibraltar, soupçonné de transporter du pétrole vers la Syrie en violation de sanctions européennes contre ce pays.

Selon les autorités britanniques de Gibraltar, il a été libéré car Téhéran s’était engagé à ne pas envoyer sa cargaison en Syrie.

D’après Washington, la vente du pétrole de ce navire contribuerait à financer les forces iraniennes. Le Trésor américain a sanctionné vendredi le pétrolier et son capitaine.

L’Iran a affirmé avoir vendu le pétrole à bord de l’Adrian Darya 1, sans dévoiler l’identité de l’acheteur, assurant ne pas pouvoir être « transparent » concernant la destination de son pétrole quand Washington essaye « d’intimider » les acheteurs potentiels.

Cette affaire a cristallisé les tensions entre Téhéran et Washington, qui montent depuis le retrait américain unilatéral en 2018 d’un accord conclu en 2015 pour encadrer le nucléaire iranien, suivi du rétablissement de sanctions draconiennes contre Téhéran.

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