Le Royaume-Uni financera à hauteur de 7 millions d’euros l’achat d’équipements tels que des moyens de vidéosurveillance, des jumelles de vision nocturne et des capacités de reconnaissance de plaques minéralogiques, selon l’accord signé à Londres par les ministres français et britannique de l’Intérieur, Christophe Castaner et Sajid Javid.
Sur ce montant, 3,4 millions d’euros avaient déjà été promis par Londres lors de la signature en janvier 2018 d’un traité sur le contrôle de l’immigration.
« Les migrants qui envisagent de traverser illégalement la Manche à bord d’une petite embarcation ne doivent en aucun cas douter du fait que la France et le Royaume-Uni sont déterminés à empêcher ces traversées », souligne l’accord signé jeudi.
Le texte prévoit également un renforcement de la coopération pour démanteler les filières de passeurs et prévenir les départs de migrants vers l’Angleterre, via « une campagne de communication stratégique » visant à informer ces derniers des dangers de la traversée.
« Il nous faut communiquer sur le risque que cela représente et sur le fait qu’il n’y a pas d’eldorado, qu’il n’y a pas de rêve européen », a déclaré Christophe Castaner à la presse.
« Par chance il n’y a pas eu de mort. Mais les conditions de traversée sont et relèvent de l’épouvantable. (…) Si demain il y avait un mort, ne serait-ce qu’un mort, ce serait notre responsabilité collective », a-t-il ajouté.
Cette initiative s’inscrit dans la continuité du « plan d’action » lancé début janvier par Paris pour dissuader les migrants, toujours plus nombreux, de tenter de franchir la Manche sur des embarcations de fortune.
– deux tiers des départs empêchés –
Ce plan, qui prévoit notamment de renforcer la surveillance des ports et du littoral nord et de sensibiliser les professionnels (loueurs de bateaux, gestionnaires de ports, etc.), « a permis d’améliorer la situation », a affirmé M. Castaner.
« Précédemment, un tiers des départs étaient neutralisés. Depuis le début du mois de janvier, c’est deux tiers », même si « en même temps, on voit qu’au mois de janvier, comme au mois de décembre, comme au mois de novembre, on a une augmentation forte des tentatives ».
Parmi les raisons, il a évoqué le Brexit qui fait craindre un durcissement des politiques migratoires, et une météo clémente à l’automne.
Fin décembre, les deux pays avaient déjà annoncé un renforcement de leur coopération pour empêcher les traversées clandestines de la Manche. Cela s’est traduit côté britannique par un renforcement des patrouilles en mer.
Depuis octobre, les tentatives de traversée, jusque-là marginales, se sont multipliées, à bord de petites embarcations voire de bateaux volés dans les ports de pêche, et ce, malgré les dangers liés à la densité du trafic, aux forts courants et à la température glaciale de l’eau.
Selon Paris, 71 tentatives de traversées irrégulières d’embarcations ont été recensées en 2018, dont 40 ont réussi, permettant à 276 migrants, essentiellement iraniens, d’atteindre les côtés britanniques. Londres avait de son côté chiffré à 539 le nombre de migrants ayant fait des tentatives de traversée l’an dernier, dont 80% au dernier trimestre, et 230 pour le seul mois de décembre.