Mission accomplie pour la fusée européenne Vega C, deux ans après son échec

Kourou (France), 6 déc 2024 (AFP) – La fusée Vega C, cruciale pour l’autonomie de l’Europe dans l’accès à l’espace, est parvenue à mettre en orbite un satellite jeudi après son décollage depuis Kourou, en Guyane française, deux ans après l’échec de son premier lancement commercial.

Après un retard de 48 heures, Vega C s’est élancée sans encombre jeudi à 18H20 (21H20 GMT), a constaté un correspondant de l’AFP, comptant à son bord le satellite Sentinel-1C du programme d’observation Copernicus de l’UE.

Une heure et 43 minutes après le décollage, le satellite, qui doit fournir des données et des services d’observation de la planète de façon permanente pour comprendre l’impact de l’évolution du climat, a été mis en orbite à quelque 700 km d’altitude, sous les applaudissements nourris du centre de contrôle Jupiter.

Ce retour en vol de la fusée conçue par l’entreprise aérospatiale italienne Avio marque la fin de deux années compliquées après l’échec en décembre 2022 du premier vol commercial du lanceur sous maîtrise d’oeuvre italienne. Cet échec avait causé la perte de deux satellites Airbus et porté un coup d’arrêt au programme Vega C.

« Les deux dernières années ont été vraiment difficiles pour l’industrie spatiale européenne. Des satellites ont dû être envoyés depuis les Etats-Unis. J’étais dans cette salle Jupiter en décembre 2022 et on a retrouvé le sourire ce soir », a déclaré à l’AFP Marino Fragnito, directeur commercial chez Avio.

Le directeur général de l’ESA, Josef Aschbacher, venu superviser ce lancement, s’est dit « très soulagé de ce retour en vol. Nous étions cependant très confiants après deux essais à feu concluants. Mais un lancement reste un lancement », a-t-il souligné à l’AFP

– « Autonomie d’accès à l’espace » –

Après le succès du vol inaugural d’Ariane 6 en juillet, ce tir réussi matérialise la mise en service de la nouvelle génération de lanceurs européens et surtout l’aptitude de l’Europe à retrouver une capacité stratégique d’accès à l’espace.

Vega C et Ariane 6 sont aujourd’hui les deux lanceurs souverains et complémentaires disponibles pour les puissances publiques européennes. Vega C permet d’envoyer des petits satellites en orbite basse, alors qu’Ariane 6 est conçue pour déployer des satellites plus gros en orbite basse et des moins gros dans des orbites plus élevées ou des constellations de satellites.

« 2024 est l’année de retour de notre autonomie d’accès à l’espace. Les deux fusées Ariane 6 et Vega C sont opérationnelles et nous allons retrouver un haut niveau d’activité au Centre spatial guyanais en 2025 et au-delà », a déclaré à l’AFP Stéphane Israël, directeur général d’Arianespace.

La priorité sera d’assurer la montée en cadence des lancements de Vega-C à un rythme de 4 à 5 par an, a insisté M. Israël.

Arianespace commercialise la fusée italienne pour encore quatre lancements avant de passer la main à Avio: l’industriel italien a pris cet été, à sa demande, le contrôle de la commercialisation des fusées qu’il produit, pour, à terme, être le seul à exploiter la fusée Vega-C et sa future version, Vega-E, en cours de développement.

« Le monde est en train de changer. Il y a de plus en plus d’initiatives commerciales dans le secteur des lanceurs en Europe. Il y a un intérêt commercial d’Avio de se positionner sur un marché compétitif », a justifié auprès de l’AFP Marino Fragnito, directeur commercial chez Avio.

– Quatre lancements en 2025 –

La décision de reprendre les missions de la fusée légère a été prise après des essais concluants du moteur Zefiro-40, qui équipe le deuxième étage du lanceur et dont une défaillance avait été à l’origine de l’échec de 2022. Ce moteur a depuis été redessiné.

Le surcoût lié à la remise en vol de Vega C devrait s’élever à entre 25 et 30 millions d’euros, compris dans le financement de l’ESA voté l’an passé par les Etats membres, selon le directeur du Transport spatial de l’Agence, Toni Tolker-Nielsen.

Selon lui, quatre lancements de Vega C sont prévus l’année prochaine et 5 en 2026.

Ce vol était particulièrement scruté car le prédécesseur de Vega C, Vega, n’est plus en service après son dernier lancement en septembre.

« C’est crucial parce que l’autonomie stratégique européenne repose sur deux pieds: un grand qui est celui de l’Ariane 6, lanceur lourd, et Vega C qui est un lanceur un peu plus petit mais qui complète bien la capacité européenne d’accès à l’espace », avait résumé Philippe Baptiste, PDG du Cnes (Centre national d’études spatiales) dans un entretien à l’AFP avant le tir.

La deuxième mission d’Ariane 6, avec un satellite d’observation militaire, initialement envisagée fin 2024, aura lieu à partir de mi-février, un report que les acteurs du spatial cherchent à dédramatiser.

gr/mm/jnd/lpa

AVIO

AIRBUS GROUP

Les Infos Mer de M&O

Les systèmes de combat français – Et l’avenir de l’Homme dans la filière opération des navires de surface

Ce mémoire de Master 2 de l’Université Lyon III Jean Moulin, rédigé par Robin Vanet sous la direction de Jean-Marie Kowalski, éclaire l’histoire,...

CMA CGM valide la construction en Inde de 6 porte-conteneurs de 1 700 EVP dual-fuel au GNL

CMA CGM devient la première grande compagnie maritime internationale de transport par conteneurs à conclure un accord pour six nouveaux navires propulsés au...

Nodens : du vent dans les voiles, du whisky en cale (entretien avec Tristan Botcazou)

La devise de Nodens pourrait être "Fluctuat Nec Mergitur". A peine lancée, cette nouvelle entreprise bretonne de whisky transporté à la voile fait...

« Les ports ne peuvent plus subir la transition énergétique, ils doivent la piloter »

Par Loïc Espagnet - Président de SeaBridges Dans un secteur portuaire en pleine mutation, SeaBridges se pose comme un nouvel acteur animé par une ambition...

L’Axe Seine réinventé : un ouvrage collectif explore le lien entre Paris, Rouen et Le Havre

Une nouvelle parution consacrée à la colonne vertébrale logistique française Un nouvel ouvrage, intitulé L’Axe Seine réinventé, vient de paraître. Il plonge au cœur...

La crise de la pêche en Mauritanie peut-elle s’étendre au Maroc ? (par Gabriel Robin)

À Nouadhibou, poumon halieutique de la Mauritanie, les poissons se raréfient de plus en plus. Dans un reportage publié le 31 juillet 2025,...

Plus de lecture

M&O 288 - Septembre 2025

Colloque Souveraine Tech du 12 sept 2025

Alors qu'il était Premier Consul, Napoléon Bonaparte déclara le 4 mai 1802 au Conseil d'État, "L’armée, c’est la nation". Comment ce propos résonne t-il à un moment de notre histoire où nous semblons comprendre à nouveau combien la nation constitue et représente un bien à défendre intelligemment ? Par ailleurs, si la technologie est le discours moral sur le recours aux outils et moyens, au service de qui ou de quoi devons-nous aujourd'hui les placer à cette fin, en de tels temps incertains ? Cette journée face à la mer sous le regard de Vauban sera divisée en tables rondes et allocutions toniques.

ACTUALITÉS

Le Bénin et la mer

Découvrez GRATUITEMENT le numéro spécial consacré par Marine & Océans au Bénin et la mer

N° 282 en lecture gratuite

Marine & Océans vous offre exceptionnellement le numéro 282 consacré à la mission Jeanne d’Arc 2024 :
  • Une immersion dans la phase opérationnelle de la formation des officiers-élèves de l’École navale,
  • La découverte des principales escales du PHA Tonnerre et de la frégate Guépratte aux Amériques… et de leurs enjeux.
Accédez gratuitement à la version augmentée du numéro 282 réalisé en partenariat avec le Centre d’études stratégiques de la Marine et lÉcole navale

OCÉAN D'HISTOIRES

« Océan d’histoires », la nouvelle web série coanimée avec Bertrand de Lesquen, directeur du magazine Marine & Océans, à voir sur parismatch.com et sur le site de Marine & Océans en partenariat avec GTT, donne la parole à des témoins, experts ou personnalités qui confient leurs regards, leurs observations, leurs anecdotes sur ce « monde du silence » qui n’en est pas un.