MSC choisit les chantiers de Saint-Nazaire pour ses deux prochains paquebots

La lettre d’intention de commande a été signée jeudi à Paris, en présence du ministre de l’Economie Pierre Moscovici, par les entreprises partenaires, après plusieurs mois de négociations difficiles tant sur le prix que sur le financement.

Cette commande est la plus importante de l’histoire de MSC Croisières, dont l’ensemble de la flotte actuelle de 12 bateaux est issue de Saint-Nazaire.

Pour les chantiers français, c’est une bouffée d’air cruciale. « Les deux paquebots vont représenter 16 millions d’heures de travail », réparties sur plus de cinq années, a indiqué à l’AFP Erminio Eschena, directeur général de MSC Croisières pour la France, la Belgique et le Luxembourg.

Le début de la construction est prévu à l’automne 2015. Le premier navire doit être livré au premier semestre 2017 et le suivant au premier semestre 2019.

L’option pour deux autres bâtiments de la même série « doublerait la somme à 3 milliards d’euros », a souligné M. Eschena.

Ce projet , qui « donne une sécurité pour 2.000 employés pour plusieurs années », est « un témoignage de l’excellence du savoir-faire et de la qualité » de cette entreprise française mais aussi une « preuve de plus de la fidélité de MSC Croisières », s’est félicité Pierre Moscovici.

Une loyauté démontrée par les 10 navires qu’a commandés MSC Croisières aux Chantiers depuis 2003 (soit 6,5 milliards d’euros d’investissements).

« Ces bateaux d’une nouvelle génération figureront parmi les plus grands du monde en termes de capacité. Ce sera même les plus grands jamais construits par un armateur européen », selon M. Eschena.

« Ils pourront être accueillis dans tous les ports du monde, par tous les temps, quelle que soit la saison », a-t-il ajouté.

Chaque bâtiment aura une longueur maximale de 315 mètres pour 43 mètres de large. Il pourra accueillir 5.700 passagers et 1.700 membres d’équipage, avec à son bord 2.250 cabines pour les passagers et près de 820 pour l’équipage.

Ces navires disposeront de cabines spécialement conçues pour les familles, et sur les ponts extérieurs, une zone exclusive dotée d’un vaste solarium, d’un lounge, de restaurants privés et des suites duplex.

L’accent sera mis aussi sur le divertissement, « avec de nouveaux espaces panoramiques, un théâtre encore plus grand et un parc d’attraction spectaculaire relié à un parc aquatique », a ajouté Gianni Onorato, PDG de MSC Croisières.

MSC affiche de grandes ambitions et concurrence le leader européen Costa Croisières, propriété du numéro un mondial, l’américain Carnival. « Avec cette commande, nous allons augmenter notre flotte de 35%. Notre but est de doubler notre flotte dans les dix prochaines années », a indiqué à l’AFP M. Onorato.

– Accord de compétitivité –

Ce contrat majeur était en bonne partie suspendu à la signature d’un accord de compétitivité aux chantiers STX France, qui a finalement été entériné fin janvier après un bras de fer avec certains syndicats dont la CGT. La direction des chantiers avait fait valoir qu’autrement, le conseil d’administration de l’entreprise ne donnerait pas son feu vert à de nouvelles commandes au prix réclamé par le client.

L’annonce de la commande a suscité la satisfaction chez les syndicats des chantiers, comme chez les commerçants locaux.

« D’un côté, les salariés ont mis 5 millions d’euros d’économies par an pour au moins trois ans sur la table et, de l’autre, les actionnaires, dont l’Etat, ont autorisé cette commande sans qu’elle soit prise à risque » de perte financière, a notamment réagi la CFDT.

STX France, détenu à 66,6% par STX Europe (filiale du sud-coréen STX) et à 33,3% par l’Etat français, était en concurrence avec les chantiers italien Fincantieri et allemand Meyer Werft, même si MSC est historiquement lié à STX France.

Pour M. Eschena, l’Etat français « a remarquablement joué son rôle, en accompagnant à la fois la réflexion de Saint-Nazaire sur l’accord de compétitivité, et le montage de la structure financière ».

Sans ces interventions qui « ont permis de rassurer notre client, il n’est pas certain que nous serions là aujourd’hui », a fait valoir Laurent Castaing, directeur général de STX France.

« Depuis deux ans nous avons modifié notre système de financements à l’export: c’est ce qui a peut-être aidé à faire la différence », a reconnu M. Moscovici.

Les chantiers de Saint-Nazaire, qui emploient 2.000 salariés et font travailler environ 4.000 sous-traitants à pleine charge, viennent d’engranger plusieurs contrats importants : en janvier un contrat de 270 millions d’euros auprès de la compagnie bretonne Brittany Ferries pour construire l’un des plus grands ferries « écologiques » du monde, au gaz naturel.

Et mardi, le conseil de surveillance de la SNCM a donné son feu vert pour commander quatre ferries.

ak-bur-pan/fpo/evs

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