Rachat de l’ex-SNCM en Corse: fin des gardes à vue avant d’éventuelles poursuites judiciaires

Paris, 30 juin 2021 (AFP) – Les douze personnes, dont plusieurs chefs d’entreprise corses, placées en garde à vue dans l’enquête financière sur les conditions de rachat de l’ancienne compagnie maritime SNCM, ont été libérées mercredi sans poursuites à ce stade, a-t-on appris mercredi auprès du parquet anticorruption.

« Certains seront convoqués ultérieurement devant le magistrat instructeur », a précisé le parquet national financier (PNF), ce qui signifie que le juge d’instruction envisage d’entendre certains suspects sous le statut de témoin assisté ou de mis en examen.

Les gardes à vue avaient été ordonnées mardi dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en février à Paris pour « prise illégale d’intérêts », « favoritisme », « extorsion en bande organisée », « escroquerie » et « abus de biens sociaux », avait indiqué le PNF, confirmant une information de France 3 Corse.

Selon une source proche du dossier, les investigations portent sur les conditions de rachat de la SNCM par le consortium Corsica Maritima Holding (CM Holding), composé de 150 entreprises corses et qui détient également 49% du capital de Corse-Presse, société du groupe La Provence éditrice de Corse-Matin.

Placée en redressement judiciaire en novembre 2014, la SNCM avait été reprise un an plus tard par l’homme d’affaires corse Patrick Rocca à l’issue de deux appels d’offres du tribunal de commerce de Marseille, et avait pris le nom de Maritima Ferries.

Le consortium Corsica Maritima, candidat malheureux à ces appels d’offres, avait au final absorbé Maritima Ferries en rachetant les titres de Patrick Rocca, donnant naissance à Corsica Linea en mai 2016.

Cette cession ultérieure avait été contestée par les syndicats et le comité d’entreprise de l’ex-SNCM, ce dernier estimant qu’elle ne respectait pas le jugement du tribunal de commerce. Mais en juillet 2016, le comité d’entreprise s’était désisté de son action judiciaire.

Patrick Rocca avait rejoint CM Holding en février 2016. Dans un communiqué transmis à l’AFP lundi, il a indiqué « avoir démissionné du poste d’administrateur de CM Holding ».

Dans un communiqué diffusé la semaine dernière, CM Holding s’est présenté comme victime de « rumeurs nuisibles ».

Défendant la création de Corsica Linea, « véritable succès commercial, industriel et social », les entrepreneurs du consortium indiquaient ne pas « accepter d’être traités de membres d’un système oligarchique », assurant que le groupement n’avait « aucun lien avec le monde criminel ».

Le consortium mentionnait également, sans le nommer, la démission d’Antony Perrino de son poste d’administrateur. Cet ancien PDG de Corse-Matin et promoteur immobilier a été mis en examen le 16 janvier dans la vaste enquête sur les avoirs douteux de la bande criminelle corse dite du « Petit Bar ».

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