Pour « arrêter la lente érosion de nos capacités militaires », le président Emmanuel Macron a promis « un effort budgétaire inédit » avec l’objectif de porter les dépenses de défense à 2% du PIB français en 2025, soit 50 milliards d’euros, contre 34,2 milliards cette année.
Pour y parvenir, la LPM prévoit une hausse annuelle de 1,7 milliard d’euros par an jusqu’en 2022, avant des « marches » de 3 milliards par an à partir de 2023, soit après la prochaine élection présidentielle.
Cette trajectoire budgétaire ascendante contraste avec les réductions d’effectifs et les tensions financières endurées pendant une décennie par l’institution militaire, avant un redressement amorcé dans la foulée des attentats de 2015.
Les armées n’en continuent pas moins de tirer la langue sous le coup d’engagements tous azimuts ces dernières années, au Sahel (opération Barkhane), au Levant (Chammal) et sur le territoire national (Sentinelle).
– renouvellements accélérés –
Pour redonner de l’oxygène aux quelque 200.000 militaires français et les fidéliser, la LPM affiche pour ambition de se placer « à hauteur d’homme », en faisant de la condition du soldat l’une de ses priorités.
« On ne peut pas uniquement privilégier les équipements ultramodernes et la préparation de l’avenir sans rien accorder à nos soldats aujourd’hui », explique un haut gradé de l’armée de Terre.
Emmanuel Macron a promis aux troupes un effort particulier sur l’entraînement, les infrastructures d’accueil et « les équipements du quotidien », des gilets pare-balles aux jumelles de vision nocturne en passant par le fusil d’assaut HK 416, qui a commencé l’an dernier à remplacer le Famas.
La ministre des Armées, Florence Parly, a également lancé courant 2017 un « plan familles »: construction de logements, places en crèche, wi-fi gratuit…
Deuxième grand axe: la modernisation accélérée des matériels, nombreux à aligner plusieurs décennies de service, a été privilégiée.
Au menu figure le renouvellement des véhicules blindés médians de l’armée de Terre (programme Scorpion). Les fameux VAB, 40 ans au compteur, seront remplacés par les blindés Griffon d’ici une dizaine d’années.
La Marine, elle, obtient le remplacement et la hausse du nombre de ses pétroliers ravitailleurs et se voit accorder plus de patrouilleurs, indispensables pour surveiller les zones économiques exclusives françaises outre-mer.
Florence Parly s’est par ailleurs engagée à lancer des études sur le remplacement de l’unique porte-avions français, le Charles de Gaulle, qui sera retiré du service à l’horizon 2040.
L’armée de l’Air, elle, n’obtient pas comme elle le souhaitait une hausse de ses effectifs, de source proche du dossier, mais se voit attribuer de nouvelles capacités de renseignement aéroportées ainsi que le renouvellement accéléré de sa flotte d’avions ravitailleurs par des A330 MRTT, alors que ses KC-135 volent depuis plus de 50 ans.
– hausse budgétaire sous contrainte –
Sur le plan de la dissuasion nucléaire, clé de voûte de la défense française, les coûteux travaux de renouvellement des deux composantes (navale et aérienne) seront engagés au cours du quinquennat.
Ces efforts porteront les crédits alloués de 3,9 milliards d’euros en 2017 à 6 milliards d’euros en 2025.
De fait, estime Alexandre Papaemmanuel, du centre de réflexion L’Hétairie, « l’autonomie stratégique induit des coûts qui réduisent d’autant la valeur de l’ambition des 2% du PIB consacrés au budget des Armées ».
« Autre important bémol à l’augmentation promise du budget de défense ces prochaines années: le ministère des Armées prendra progressivement en charge l’intégralité du coût des opérations extérieures, jusqu’ici partiellement financé par les autres ministères. Un effort qui lui coûtera 1,1 milliard d’euros en 2020, contre 450 millions en 2017.