Admis au service actif en septembre 2012, le « Liaoning » est devenu le navire-amiral incarnant les ambitions maritimes de l’armée chinoise. Il a connu un long chantier de rénovation dans le port de Dalian (nord-est), dans l’opacité la plus totale.
Dans une grande enquête publiée de dimanche à mardi, le journal South China Morning Post livre des révélations sur les manoeuvres en coulisse qui ont permis à la Chine de s’approprier ce navire, à l’origine baptisé « Varyag » et commandé par la marine soviétique.
Sa construction, débutée en 1985 sur un chantier naval ukrainien, avait été interrompue après la chute de l’URSS en 1991. Dès 1992, la Chine a discrètement envoyé une délégation visiter le navire inachevé.
Le quotidien, basé à Hong Kong a interviewé Xu Zengping, ancien capitaine d’une équipe de basket-ball de l’Armée populaire de libération devenu homme d’affaires, qui fut secrètement chargé d’acheter le porte-avions, grâce à une société écran, au prétexte d’en faire un casino flottant à Macao.
« Quand l’ingénieur-en-chef du chantier naval (ukrainien) m’a conduit dans la salle des machines, j’y ai trouvé quatre moteurs flambant neufs et soigneusement lubrifiés », a relaté au South China Morning Post le businessman chinois.
Pékin a toujours affirmé avoir acquis une coque blindée, dépourvue d’électronique, de moteur et d’hélice.
En mars 1998, M. Xu a acheté aux enchères le bâtiment pour 20 millions de dollars.
Le remorquage du Varyag de l’Ukraine vers la Chine a tenu de l’odyssée. La Turquie s’opposa durant de longs mois à son passage dans ses détroits et, à deux reprises, l’immense bateau s’est retrouvé à la dérive à la suite de la rupture des câbles de traction. Il n’arriva à son port chinois qu’en mars 2002, après plus de 600 jours de mer.
M. Xu affirme que l’opération totale lui a finalement coûté 120 millions de dollars, une somme que Pékin ne lui a jamais remboursée.
La finalité militaire du navire de 300 mètres de long, de la classe du porte-avions « Amiral Kouznetsov », devint ensuite évidente.
Selon Xu Zengping, les turbines d’origine de l’ex-Varyag, rebaptisé Liaoning, ont été rénovées et modernisées.
Interrogé mardi, le ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué ne « pas être au courant » des révélations du South China Morning Post.
La Chine, qui veut parvenir à terme à rivaliser avec la puissante US Navy, travaille à l’édification de groupes aéronavals autour de plusieurs porte-avions, un programme phare de centaines de milliards d’euros.