« Le Parlement européen a courageusement approuvé une disposition visant à bannir la pratique de l’échouage des navires battant pavillon de l’Union européenne dans des pays non membres de l’OCDE comme l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh », assure l’organisation écologiste, indiquant cependant que le texte ne fait pas encore partie de l’arsenal législatif de Bruxelles. Mais, « les armateurs prennent les devants », a assuré à l’AFP Christine Bossard de l’ONG.
Les armateurs européens « n’hésitent pas à transférer sous les pavillons de Saint-Kitts-et-Nevis, du Togo, de Tuvalu ou des Comores les navires voués à la démolition », indique l’organisation dans un communiqué. Une pratique en vigueur également aux Etats-Unis, au Canada et dans certains pays asiatiques, selon elle.
« Le recyclage propre des navires est une priorité des armateurs français qui sont des acteurs responsables », a réagi l’organisation professionnelle Armateurs de France interrogée par l’AFP, assurant plaider « de manière déterminée pour une entrée en vigueur rapide de la convention de Hong-Kong » pour un recyclage sûr et écologiquement rationnel des navires. Cette convention, adoptée en 2009, ne pourra entrer en vigueur que deux ans après sa ratification par au moins 15 Etats. Pour l’heure, seule la Norvège l’a ratifiée.
« La déferlante des navires de commerce retirés de l’exploitation vers l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh se maintient au plus haut niveau », assure cependant Robin des Bois, indiquant que ces trois pays ninterdisent pas l’usage de l’amiante et n’ont pas d’installations dédiées pour le traitement des PCB (polychlorobiphényles).
Au cours des trois derniers mois, 271 navires sont partis à la démolition, cumulant plus de 2,2 millions de tonnes de métaux, selon Robin des Bois. Parmi ces navires, 106 (39%) ont été construits en Europe, 88 appartenaient à des armateurs européens (32%), 241 (89%) sont partis en Asie. « Cinquante d’entre eux ont changé de nom et de pavillon dans les semaines précédant leur échouage », a par ailleurs souligné Mme Bossard, ajoutant que ce décompte n’était pas exhaustif et que le phénomène était en augmentation.
Le ferry de la SNCM « Ile de Beauté » a ainsi été rebaptisé « Beau », après avoir été placé sous pavillon panaméen, selon l’organisation, qui indique que le navire est arrivé le 10 juillet au port turc d’Aliaga pour démolition, dans des conditions « vraiment pas idéales », selon Mme Bossard.
Le nombre de bateaux envoyés à la casse a fortement augmenté en 2012 dans le monde, avec 1.328 navires partis à la démolition, principalement en Inde, au Bangladesh et en Chine, avait indiqué en janvier l’organisation écologiste.