Saisie record de cocaïne sur un cargo: entre 5 et 8 ans requis contre 9 Ukrainiens

Le 11 décembre 2015, un patrouilleur repère un cargo en très mauvais état battant pavillon moldave près des côtes du Pas-de-Calais. Par radio, le capitaine du « Carib Palm » leur répond qu’il vient de Carthagène en Colombie, va à Gdansk en Pologne pour des réparations et qu’il ne transporte rien.

Lors du contrôle effectué au port, le chien ne sent rien mais des agents approfondissent les recherches et trouvent une cache dissimulée derrière une paroi métallique.

Ils y découvrent 2,3 tonnes de cocaïne, d’une pureté de 75% en moyenne, soit une valeur de 75 millions d’euros à l’achat et de 360 millions d’euros à la revente sur le marché européen, selon les estimations du président du tribunal correctionnel.

L’enquête de la juridiction interrégionale spécialisée a permis d’établir que le bateau était à Saint-Domingue depuis septembre 2015, avant d’aller à Carthagène puis de s’arrêter le 16 novembre au large des côtes vénézuéliennes, où sont transbordés 80 ballots de drogue. Plusieurs fois, le GPS du navire, construit en 1977, est désactivé.

En détention provisoire depuis décembre 2015, les neuf prévenus ukrainiens, nés entre 1968 et 1992, tous membres de la marine marchande, ont été recrutés à Kherson (Ukraine) par une société écran immatriculée aux Iles Marshall sous le nom usurpé d’un Belge.

Ils partent en avion à Saint-Domingue, où ils disent découvrir qu’ils vont transporter des produits illicites et avoir été menacés par les chefs.

Le capitaine géorgien, celui qui serait son second, de nationalité turque, et un autre ukrainien seront jugés par une cour d’assises spéciale.

Insistant sur la nécessité de distinguer les prévenus recrutés pour leurs compétences maritimes des « participants actifs » d’une organisation décrite comme « mafieuse », le procureur de la République a requis des peines en fonction des « degrés d’implication » de chacun, allant de 5 à 8 ans de prison.

« Ce sont des petits maillons de la chaîne », a plaidé l’avocat de deux d’entre eux, Me Jacques-Yves Delobel. « C’est un exécutant, rien d’autre », a également répété l’avocate d’un autre prévenu, Me Audrey Jankielewicz.

Les douanes ont demandé une amende de 75 millions d’euros. Cette saisie représentait 20% de la quantité de cocaïne saisie en France en 2015.

Le jugement sera rendu le 10 septembre.

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