Le 27 mai, le tribunal avait examiné les offres –améliorées après une première décision le réclamant rendue le 11 mai– déposées par les trois candidats à la reprise de la SNCM, placée en redressement judiciaire en novembre 2014: le groupe corse Rocca, l’ex-directeur du port de Marseille Christian Garin, et Baja Ferries, dirigé par Daniel Berrebi.
Au cours de l’audience, à huis clos, le procureur de la République Brice Robin avait requis en faveur de l’offre présentée par Daniel Berrebi. Tout en ménageant l’offre concurrente du groupe corse Rocca, il avait en revanche clairement écarté celle de Christian Garin. Le juge-commissaire avait de son côté estimé que l’offre de Rocca était la meilleure, selon des représentants du personnel présents à l’audience.
Mais depuis, les cartes ont été rebattues une ènième fois. Déjà, devant le tribunal de commerce, la direction de La Méridionale avait demandé que soit lancé un nouvel appel d’offres. Le groupe Stef, spécialiste de la logistique du froid et maison-mère de la SNCM, a depuis écrit au président du tribunal de commerce pour lui demander de repousser sa décision, laissant clairement entendre qu’il pourrait à son tour déposer une offre de reprise.
La Méridionale qui dessert au départ de Marseille les ports d’Ajaccio, Bastia et Propriano en Corse et Porto Torres en Sardaigne, partage avec la SNCM le contrat de délégation de service public (DSP) entre la Corse et le continent. Ce méga-contrat portait à l’origine sur 570 millions d’euros –57 millions par an de 2014 à 2024– mais le tribunal administratif de Bastia, à la suite d’une plainte d’un concurrent, Corsica Ferries, l’a annulé à compter d’octobre 2016.
La DSP, avait prévenu Bruxelles, ne pouvait être transmise à un quelconque repreneur, condition sine qua non à ses yeux de la « discontinuité économique » entre la SNCM et la société qui va lui « succéder » après la reprise qui va permettre de tirer un trait sur le remboursement de plus de 400 millions d’euros d’aides jugées indûment perçues par Bruxelles. Les autorités européennes l’ont assuré officiellement, selon une annonce le 19 mai du secrétaire d’État aux Transports Alain Vidalies.
-900 postes sauvés au mieux-
Pour y remédier, un schéma se dégage, envisagé dans leur offre par deux des trois candidats à la reprise: tenue de reprendre la partie de la DSP incombant à la SNCM après sa « disparition », La Méridionale « sous-déléguerait » au repreneur ces activités, dans l’attente de la négociation d’un nouveau contrat.
C’est précisément ce point que soulève le groupe Stef dans son courrier au président du tribunal de commerce de Marseille: Stef estime que sa compagnie maritime « se retrouve placée au centre de la problématique et devient un élément incontournable, et potentiellement le bouc émissaire désigné à l’avance d’une éventuelle liquidation annoncée de son partenaire si aucun projet ne devait aboutir ».
Aussi, le groupe de logistique explique-t-il avoir « décidé d’intervenir pour jouer le rôle de facilitateur ». Il envisage de déposer une offre et « se propose de reprendre 600 navigants en CDI et 200 sédentaires. Le prix proposé sera entre 15 et 20 millions d’euros ».
Si le prix proposé est largement supérieur à celui évoqué dans les trois offres déjà concurrentes –qui oscillent entre 5 et 8 millions d’euros–, son coût en termes d’emplois est du même ordre: sur les 1.500 CDI environ que compte aujourd’hui la société, les offres de Baja Ferries, Rocca et Christian Garin proposent de sauver 900 postes dans le meilleur des cas.
« La décision est entre les mains du tribunal de commerce de Marseille et lui seul. Néanmoins, nous réfléchissons à toute solution alternative sauf la liquidation, pour autant que la décision judiciaire le permette », a commenté auprès de l’AFP un porte-parole de Stef.
mdm/cr/jpr
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