Somalie: la pêche étrangère illégale menace les stocks et risque de faire revenir les pirates (fondation)

Une armada occidentale et des mesures prises par les armateurs – dont la présence de gardes armés à bord – ont eu raison de la piraterie au large de la Somalie. Celle-ci s’était développée depuis le milieu des années 2000 sur fond de surexploitation illégale des eaux somaliennes par des navires étrangers profitant de l’absence d’Etat depuis plus de deux décennies et poussant des pêcheurs à rejoindre les gangs de pirates.

Les bateaux de pêche industrielle étrangers ont provoqué « un épuisement des stocks, une perte de revenus pour les Somaliens et des violences contre les pêcheurs locaux », ce qui « menace de provoquer un soutien local à un retour de la piraterie », souligne un rapport du Programme Secure Fisheries (Protéger la Pêche) de la fondation américaine One Earth Future, spécialisée dans la prévention des conflits.

« La pêche illégale a servi de prétexte aux bandes criminelles pour passer d’une posture défensive aux attaques armées et à la piraterie », y explique John Steed, patron de Secure Fisheries dans la Corne de l’Afrique. « Désormais la situation est revenue à ce qu’elle était, avec un grand nombre de navires étrangers pêchant à nouveau dans les eaux somaliennes, et le danger est réel que le cycle complet de piraterie reprenne ».

Selon les estimations du rapport, qui s’appuie sur de nombreux entretiens et des images satellitaires, les bateaux étrangers remontent annuellement quelque 132.000 tonnes de poissons, soit trois fois plus que les pêcheurs somaliens, dont les prises sont d’environ 40.000 tonnes annuelles.

La valeur des prises étrangères est cinq fois supérieure à celle des pêcheurs somaliens (306 millions de dollars contre 58 millions). Surtout la pêche étrangère illégale met en danger la pérennité des stocks de poissons dans les eaux somaliennes, selon ce rapport.

« Les stocks halieutiques des eaux somaliennes, d’une grande importance économique, sont exploités à des niveaux insupportables », avertissent les auteurs du texte, et les chalutiers étrangers qui pêchent illégalement « prélèvent à leur capacité maximum les stocks de thon, d’une haute valeur commerciale, ne laissant aucune place aux Somaliens pour tirer profit de leurs riches eaux maritimes ».

« Les bâtiments de pêche étrangers sont toujours perçus comme une menace envers les moyens de subsistance des pêcheurs somaliens » et les « Somaliens estiment qu’ils ne peuvent se défendre seuls contre cette menace », soulignent-ils.

L’Iran et le Yémen sont les pavillons les plus représentés dans les eaux somaliennes, mais des navires européens et asiatiques y font également « des prises significatives ».

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