Triplement des places pour migrants, reprise prévue des recherches à Lampedusa

La ministre de l’Intégration italo-congolaise Cécile Kyenge qui devait se rendre dimanche à Lampedusa, a annoncé dans le Corriere della Sera que les centres pour immigrés vont passer “de 8.000 places à 24.000 places”.

A mi-journée, les opérations de recherche des corps devaient reprendre alors que seulement 111 dépouilles ont pu être récupérées depuis que le bateau de migrants où s’entassaient entre 480 et 520 Somaliens et Erythréens, partis des côtes libyennes, a pris feu puis coulé jeudi à l’aube près de l’île sicilienne. Seulement 155 passagers ont été sauvés et les autorités redoutent un bilan de 300 à 360 morts.

Les rescapés se sont rendus samedi dans le hangar de l’aéroport où sont alignées les dépouilles avant leur mise en bière, pour un dernier adieu déchirant à leurs proches.

“Nous vérifions les conditions (en mer) et nous espérons reprendre vers 14H00 (12H00 GMT)”, a indiqué à l’AFP Leonardo Ricci, porte-parole de la police douanière, à propos de la difficile récupération des corps suspendue depuis vendredi à cause d’une mer agitée.

Les autorités envisagent même de renflouer le bateau qui git par 47 mètres de fond à environ 500 mètres des côtes.

Rocco Cannel, propriétaire d’une école de plongée, a été le premier à descendre: “je n’oublierai jamais ce que j’ai vu”, a-t-il dit à l’AFP, en racontant avoir d’abord vu une vingtaine de corps “légèrement recouverts de sable”, à côté de l’épave, puis “d’autres corps amassés à l’intérieur”.

Selon les autorités, les rescapés ont demandé que les morts soient rapatriés en Erythrée, pays au régime dictatorial qu’ils avaient tenté de fuir. Les survivants seront pour leur part accueillis à Rome, suite à une proposition du maire de gauche Ignazio Marino.

L’île de Lampedusa (où le centre d’accueil est surpeuplé de 1.000 personnes pour une capacité de 250 places) et toute l’Italie font face à un nouvel afflux exceptionnel de migrants, avec 30.000 personnes arrivées dans la péninsule depuis le début 2013.

Un fardeau trop lourd

Rome a obtenu que la question de l’immigration figure à l’ordre du jour d’une réunion ministérielle européenne à Luxembourg mardi.

Avec d’autres pays du sud de l’Europe comme la Grèce et l’Espagne, l’Italie estime assumer un fardeau trop lourd, et voudrait aussi plus de coordination pour surveiller les côtes, surtout de Libye et de Tunisie, d’où partent les bateaux clandestins. Selon des ONG, entre 17.000 et 20.000 migrants ont péri en tentant de traverser la Méditerranée ces 20 dernières années.

Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a aussi souhaité une rencontre au plus haut niveau des 28, sur ce dossier.

La ministre Kyenge a souligné que “les flux migratoires ont changé”: il s’agit davantage de réfugiés fuyant des conflits que d’émigrés économiques. “Les lois ne peuvent pas être punitives”, a-t-elle argué.

Mme Kyenge a aussi préconisé de changer la procédure en Italie, qui, depuis une loi adoptée par un gouvernement Berlusconi, considère tous les migrants comme des “suspects” d’immigration clandestine et sanctionne les particuliers qui leur viennent en aide.

Le pilote du navire clandestin, parti de Misrata, en Libye, un Tunisien de 35 ans, a été arrêté.

Quatre chalutiers ont rendu samedi un hommage émouvant aux victimes en jetant une couronne de fleurs sur les lieux du naufrage. Des polémiques ont toutefois terni ces cérémonies concernant des bateaux de pêche qui auraient ignoré les signaux de détresse des réfugiés ou les garde-côtes qui auraient commencé à filmer la scène avant d’intervenir.

“Un vrai marin ne laisse jamais personne dans l’eau”, a protesté Salvatore Martello, président du consortium des pêcheurs, interrogé par l’AFP, en rappelant que les pêcheurs de Lampedusa plus proche de l’Afrique du nord que du reste de la Sicile, “sont habitués à sauver les vies” des migrants.

Une pétition de l’hebdomadaire L’Espresso demandant que le prix Nobel de la paix soit décerné à l’île a recueilli plus de 37.000 signatures.

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