Issu d’un fonds gouvernemental japonais pour « l’innovation verte », ce financement servira à « concevoir et construire des installations à l’échelle commerciale » pour liquéfier l’hydrogène en Australie et l’acheminer par bateau jusqu’au port industriel de Kawasaki, près de Tokyo, selon un communiqué des promoteurs du projet publié mardi.
« C’est véritablement un moment décisif pour nos efforts combinés de décarbonisation de la production énergétique mondiale », a estimé dans le communiqué Eiichi Harada, le directeur général de Japan Suiso Energy (JSE), une coentreprise japonaise impliquée dans le projet et regroupant Kawasaki Heavy Industries et Iwatani Corporation.
Cet engagement conséquent du gouvernement nippon « donne (…) la confiance nécessaire pour passer à la prochaine étape de la commercialisation », a ajouté M. Harada.
Il a toutefois rappelé que le projet était « complexe » et qu’il restait « encore du chemin à parcourir en termes d’approbations, de conception, de construction et de mise en service ».
Le projet HESC (Hydrogen Energy Supply Chain) avait déjà bénéficié d’un investissement équivalent à 300 millions d’euros de la part des autorités japonaises et australiennes pour sa phase pilote.
Pour la phase commerciale, l’objectif est de commencer par produire de 30 à 40.000 tonnes par an d’hydrogène (à l’état initial de gaz) d’ici la fin de la décennie en cours, avant de monter potentiellement à 225.000 tonnes par an dans les années 2030.
Cela permettrait de réduire de 1,8 million de tonnes par an les émissions de CO2, soit l’équivalent des émissions annuelles de 350.000 voitures thermiques, selon les promoteurs du projet.
Mais si l’hydrogène est une énergie propre en aval, sa production est très polluante si elle provient d’énergies fossiles, et en particulier de charbon.
Ainsi pour que le projet HESC ait du sens sur le plan environnemental, le gaz carbonique CO2 généré par sa production devra être capturé et stocké dans un sous-sol marin au large de l’Australie.
Or, il est très incertain à ce stade qu’une telle solution de captage et stockage de carbone (CCS) sera disponible quand le projet HESC deviendra opérationnel.
Et sans CCS, le projet augmenterait au contraire les émissions de CO2 de 2,9 à 3,8 millions de tonnes par an, selon une étude du think tank indépendant Australia Institute publiée l’an dernier.
Par ailleurs, les technologies CCS « n’ont pas encore fait leurs preuves, et donc la production d’hydrogène à partir de charbon ne devrait pas être envisagée si le monde avait réellement l’intention de réduire ses émissions de gaz à effet de serre », a déclaré Bronya Lipski de l’ONG australienne Environment Victoria dans une déclaration transmise mardi à l’AFP.
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