Ces dernières semaines, les rebelles yéménites Houthis, soutenus par l’Iran et qui contrôlent une grande partie du Yémen, ont multiplié les attaques en mer contre les navires qu’ils soupçonnent d’être liés à Israël, en affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, confrontés à la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.
Les attaques, notamment en mer Rouge où transite 12% du commerce mondial, ont poussé les Etats-Unis et le Royaume-Uni à frapper vendredi et samedi les rebelles au Yémen, lesquels ont répliqué lundi en tirant un missile contre un cargo américain, sans faire de blessés ni de dégâts majeurs.
Mardi, le navire battant pavillon maltais, « a été touché par un missile alors qu’il traversait le sud de la mer Rouge en direction du nord », a affirmé la société privée de risques maritimes Ambrey, précisant que le cargo avait poursuivi sa route.
Une source au sein du ministère grec de la Marine a indiqué que le navire ayant été ciblé était le « Zografia » et qu’il naviguait depuis le Vietnam vers Israël avec 24 membres d’équipage à bord.
« Il a subi des dégâts limités suite au choc », a ajouté la même source, affirmant que l’attaque avait eu lieu à 76 miles au nord-ouest du Yémen (environ 120 kilomètres), qu’il n’y avait aucun marin grec à bord du navire et que le tir n’avait pas fait de blessé.
Les Houthis ont dit avoir mené une opération « ciblée » à l’aide de « plusieurs missiles », prévenant qu’ils poursuivront leurs attaques « pour défendre le Yémen et en solidarité avec le peuple palestinien ».
Ils affirment dans un communiqué que le navire se dirigeait vers Israël quand il a été pris pour cible au large du Yémen, après que « son équipage a refusé les appels (…) et messages d’avertissement répétés de (leurs) forces navales ».
– « Conditions d’une désescalade » –
Toujours mardi, un responsable américain a indiqué sous couvert d’anonymat que l’armée américaine avait mené ce jour de nouvelles frappes au Yémen contre quatre missiles balistiques des Houthis qui représentaient une « menace imminente » pour les navires marchands et militaires.
Les Etats-Unis cherchent à « créer les conditions de désescalade » dans la région, a cependant assuré le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, lors du Forum économique mondial à Davos (Suisse). « Nous ne cherchons pas un conflit régional, loin de là ».
Le Premier ministre jordanien, Bicher Al-Khasawneh, a lui estimé à Davos que si « l’agression sur Gaza ne s’était pas poursuivie (…) nous n’aurions (pas) vu » cette escalade, dénonçant que les frappes britanniques et américaines sur le Yémen aient eu lieu sans passer par l’ONU.
Les attaques des Houthis ont contraint de nombreux armateurs à éviter la mer Rouge, et emprunter une route plus longue autour de la pointe de l’Afrique, au prix d’un surcoût du transport et de délais plus longs d’acheminement.
La situation en mer Rouge va affecter le transport de Gaz Naturel Liquéfié (GNL), « comme toutes les autres cargaisons marchandes », a prévenu à Davos le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, dont le pays est l’un des plus grands producteurs de GNL au monde.
L’agence de presse Bloomberg a rapporté lundi qu’au moins cinq navires de GNL exploités par le Qatar, qui se dirigeaient vers le détroit stratégique de Bab el-Mandeb, séparant la péninsule arabique de la corne de l’Afrique, s’étaient arrêtés au large d’Oman.
Et selon une information publiée mardi par le Wall Street Journal, l’entreprise pétrolière Shell ne fera plus passer ses navires via la mer Rouge, jusqu’à nouvel ordre.
D’autre part, l’armée américaine a affirmé mardi avoir saisi jeudi dernier des pièces de missiles de fabrication iranienne à destination des Houthis sur un bateau en mer d’Arabie, à l’est du Yémen. Il s’agit de la première saisie de ce type depuis le début des attaques des Houthis contre des navires commerciaux.