Vers une protection accrue des eaux de l’Antarctique

Huit mois après l’échec d’un rendez-vous sur le sujet en Australie, cette décision doit encore être validée par les membres (24 Etats et l’Union européenne) de la Convention sur la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR), un organisme chargé de gérer les ressources marines de la zone depuis 1982.

Le continent Antarctique est lui protégé par des traités internationaux prohibant les activités militaires et commerciales.

Pour Andrea Kavanagh, responsable des projets antarctiques de l’ONG américaine Pew Environnement, « les membres de la CCAMLR ont l’opportunité d’adopter une approche visionnaire et d’établir des sanctuaires pour deux des zones les plus intactes de la planète ».

Deux projets sont sur la table: l’un concerne la création d’une aire marine protégée (AMP) dans la mer de Ross au sud-ouest de l’Antarctique et l’autre prévoit un réseau de sept AMP sur la façade Est de l’Antarctique.

Le projet dans la mer de Ross est porté par les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande et s’étend sur 2,3 millions de km2. Le deuxième projet est défendu par l’Australie, l’Union européenne et la France et couvre un total de 1,6 million de km2.

« Nous espérons que la décision de créer les plus grandes aires marines protégées de la planète sera prise, cela a pris plusieurs années et le principe a déjà été acté par la CCAMLR », a indiqué Steve Campbell, responsable de l’Alliance pour l’océan antarctique (AOA), une coalition d’une trentaine d’ONG impliquées dans la protection de la région.

« Nous soutenons les deux propositions, même si nous pensons qu’elles devront être renforcées dans le futur », a ajouté Steve Campbell, lors d’une conférence de presse téléphonique.

Les eaux de l’Océan austral autour de l’Antractique abritent des écosystèmes exceptionnels en bonne partie préservés des activités humaines mais désormais menacés par le développement de la pêche.

Intérêt majeur pour les scientifiques

Cette zone abrite notamment des milliers d’espèces d’animaux, dont d’importantes populations d’oiseaux, de phoques, de baleines et de pingouins qui trouvent leur alimentation dans les eaux australes.

En plus de cette précieuse biodiversité, cet univers étant très peu impacté par l’homme, il présente un intérêt majeur pour les scientifiques.

Le directeur de l’Institut océanographique de Monaco, Robert Calcagno, espère que les deux projets verront le jour. « L’Océan austral a une importance considérable de par la richesse de sa biodiversité, avec notamment des espèces de poissons pouvant vivre dans des eaux inférieures à 0 degré, mais aussi parce qu’il est connecté à l’ensemble des courants marins et qu’il abrite une réserve massive de krill, cette minuscule crevette qui assure un apport protéinique aux baleines, phoques et otaries notamment », explique-t-il.

Alors que de nombreux stocks de poisson sont en déclin dans le monde, la pêche de krill s’est fortement développée ces dernières années, sous le contrôle de la CCAMLR qui délivre des autorisations en privilégiant l’équilibre des écosystèmes.

Pour valider les deux projets, ou l’un des deux, les membres de la CCAMLR seront réunis à huis clos et tenteront de parvenir à un consensus, le mode de décision retenu par l’organisation.

En octobre dernier, lors de la réunion annuelle de la CCAMLR à Hobart (Australie), la Russie, la Chine et l’Ukraine s’étaient opposés aux projets d’aires marines par crainte de voir les possibilités de pêche trop fortement réduites.

Une réunion exceptionnelle consacrée à ce sujet avait alors été décidée et programmée en Allemagne.

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