Jean-Pierre Dick, 4ème du Vendée Globe

Pour sa quatrième participation à l’épreuve, Jean-Pierre Dick qui a connu une sixième place (2004-2005), un abandon (2008) et une quatrième place (2012-2013), s’est doté d’un foiler de dernière génération. En effet, le vétérinaire Niçois, devenu skipper breton, a peaufiné sa préparation avec l’espoir d’améliorer sa performance dans ce huitième Vendée Globe. Malheureusement, après une jolie phase de départ pour StMichel-Virbac récompensée par une deuxième position non loin du leader Alex Thomson (Hugo Boss), un mauvais choix tactique sous l’île de Madère rétrograde Jean-Pierre Dick à la douzième place. Le groupe de tête prend alors la poudre d’escampette et évite la glue du pot au noir, quand Jean-Pierre ne peut que venir chercher un Jean Le Cam, alors neuvième. Ces deux skippers deviennent inséparables, au point que l’inénarrable Jean, baptise le scénario « duel du Roi Jean et du Chevalier noir ». Jean-Pierre Dick est évidemment déçu : « mes petits camarades sont à plus de 1 000 milles devant maintenant… il faut être zen ! »

Zone interdite et détroit de Bass
Dans l’océan Indien, le skipper fait parler son foil, surfant dans 35 nœuds de vent le long de la Zone d’Exclusion Antarctique (ZEA) et grappille des milles sur Yann Élies. Hélas pour Jean-Pierre, une inattention lui fait franchir la ligne rouge de cette zone interdite par les Instructions de Course, et il doit faire demi-tour pour réparer sa faute qui lui coûte des milles durement gagnés. Cependant, c’est un coup original autant qu’inédit sur le Vendée Globe, qui permet au skipper niçois de retrouver sa place au sein du trio infernal. Pour éviter une virulente dépression avant d’entrer dans le Pacifique, StMichel-Virbac emprunte le détroit de Bass situé entre l’Australie et la Tasmanie, une belle rallonge de route, dotée qui plus est de bancs de sable dangereux ! L’opération de sécurité s’avère tactiquement payante et au final ramène le « Chevalier noir » au contact de ses deux meilleurs « ennemis », victimes d’un coup d’arrêt dans l’énorme tempête australe. Pour Jean-Pierre Dick, 2016 s’achève au cap Horn : il est alors en quatrième position, 700 milles derrière Jérémie Beyou (Maître CoQ) et 130 milles devant Jean le Cam (Finistère Mer Vent).
 
Une remontée de l’Atlantique difficile
Dans les conditions sévères de la remontée de l’Atlantique, les trois navigateurs s’échangent tour à tour les 4ème, 5ème et 6ème places. Le 13 janvier, le skipper de StMichel-Virbac très rapide avec ses foils, établit le nouveau temps de référence entre le cap Horn et l’équateur en 13 jours 3 heures et 59 minutes. Cependant, les fins experts que sont Yann Eliès et Jean Le Cam ne s’en laissent pas conter, même par un foiler de dernière génération.
« Je dois m’appliquer car je me bats contre les meilleurs Figaristes du circuit, six fois vainqueurs de La Solitaire du Figaro à eux deux ! Ils excellent dans la régate au contact ! » livre Jean-Pierre lors d’une vacation radio. En effet, les trois skippers qui se tiennent dans un mouchoir de poche dorment peu, règlent en finesse et surveillent le plan d’eau par ailleurs très fréquenté. Dans la toute dernière ligne droite, le « Chevalier noir » chute dans son bateau et s’ouvre le menton : il se pose trois agrafes tant bien que mal entre deux soubresauts du monocoque qui marche à 20 nœuds… Mais il se bat jusqu’au bout pour garder cette quatrième place, tout en se faisant plaisir avec ses foils.
 
Un finish très serré
« Il faut que j’adopte la bonne stratégie pour la suite. C’est certainement celle de la patience ! Cela va être très frustrant car Yann et Jean ont plus de vent derrière, donc ils vont revenir très vite sur moi. Si j’arrive avec dix milles d’écart par rapport à mes concurrents sur la ligne d’arrivée, ce sera déjà un beau succès » lâche Jean-Pierre Dick à la veille de l’arrivée. Lorsque l’IMOCA bleu et orange coupe la ligne, à la fameuse bouée Nouch Sud, l’étrave de Yann Éliès est encore à douze milles des Sables-d’Olonne et celle du Roi Jean à une trentaine de milles. A 51 ans, le marin Jean-Pierre Dick n’a sans doute pas encore pu gagner le Vendée Globe dont il rêve, mais le « gentleman sailor », comme l’a baptisé Loick Peyron, réalise une belle performance en terminant son tour du monde derrière trois immenses champions.
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