« Je reconnais les inconvénients et les risques d’une volte-face complète, consistant à soutenir les Russes, Assad. Mais je dois aussi être réaliste sur le fait que la situation a changé et il se pourrait que nous devions reconsidérer notre façon d’aborder » le conflit syrien, a déclaré M. Johnson devant la chambre des Lords.
« Nous récitons inlassablement notre mantra exigeant le départ d’Assad, sans jamais être en position de l’obtenir », a-t-il dit. De nouvelles élections en Syrie « sous la supervision de l’ONU », ce serait « une manière d’avancer », a-t-il ajouté.
A la question de savoir si cela voudrait dire qu’Assad pourrait se représenter, Boris Johnson a répondu : « Oui ».
Jusqu’à présent, Londres a toujours dit qu’un départ du président syrien était un prérequis non négociable au règlement du conflit syrien qui a fait plus de 310.000 morts et des millions de réfugiés depuis 2011.
M. Johnson a par ailleurs ouvert la porte à un accord avec la Russie pour lutter de concert contre les jihadistes de l’Etat islamique en Syrie, au moment où la Première ministre britannique Theresa May se rendait aux Etats-Unis. Elle y sera le premier dirigeant étranger à rencontrer vendredi le président Donald Trump.
Là aussi, il s’agit d’une nette inflexion du ton employé par Londres qui était jusqu’à présent parmi les plus virulents pour dénoncer l’appui militaire offert à Damas par les Russes, notamment pendant les bombardements sur Alep.
« Trouver un accord avec les Russes pour attaquer Daech (le groupe Etat islamique, ndlr) et le rayer de la carte, comme l’a dit le président (Donald Trump), pourrait être une solution », a souligné Boris Johnson.
La veille encore, le ministre britannique de la Défense, Michael Fallon, avait qualifié de « navire de la honte » le porte-avions russe de retour de Syrie à son passage dans la Manche le long des côtes britanniques.
Engagée militairement depuis septembre 2015 en Syrie, la Russie a changé la donne dans le conflit en volant au secours de l’armée syrienne qui était alors en difficulté face aux rebelles appuyés par des pays du Golfe et occidentaux.
La Russie, la Turquie et l’Iran ont trouvé mardi un accord pour consolider le cessez-le-feu en Syrie mais peu de progrès ont été réalisés en vue d’avancer vers un règlement du conflit.