« En 2012, après un an de crispation des bailleurs de fonds traditionnels, le gouvernement de Polynésie avait envoyé une mission à Pékin pour obtenir auprès de la banque chinoise de développement un prêt de 50 millions d’euros », a rappelé le député lors des questions au gouvernement.
Mais le gouvernement avait souligné à l’époque que « l’accord de Paris était nécessaire » pour qu’un bailleur de fonds étranger hors l’Union européenne « puisse intervenir sur les plates-bandes de l’Agence française de développement, la Caisse des dépôts et des bailleurs de fonds traditionnels », a-t-il poursuivi.
Selon le député, « cette question s’invite à nouveau en Polynésie, à quelques semaines des élections territoriales », puisque « l’un des candidats majeurs à cette élection » propose « comme argument électoral d’obtenir d’un fonds souverain des Emirats arabes unis 4,2 milliards d’euros », a-t-il dit, sans citer le nom de l’ancien sénateur Gaston Flosse.
Ce dernier, bien qu’inéligible jusqu’au 22 juillet 2019 selon le parquet général de Papeete, a annoncé qu’il allait conduire une liste aux élections territoriales. A la mi-janvier, il est revenu d’Abou Dhabi en assurant qu’un émir se serait engagé à prêter 500 milliards Fcfp à la Polynésie (4,2 milliards d’euros) pour ses projets de développement. Une promesse qui ne serait valable qu’en cas d’élection de Gaston Flosse.
« Je vous demande de préciser aujourd’hui, pour les Polynésiens, quelle est la procédure en vigueur quand un bailleur de fonds étranger, extérieur à l’Union européenne, veut se substituer aux bailleurs de fonds traditionnels concernant une collectivité des Outre-mer? », a demandé Moetai Brotherson.
« Dans le cas que vous citez, qui représente des montants assez impressionnants, une concertation entre le ministère de l’Economie et des Finances, le ministère des Affaires étrangères et le ministère des Outre-mer s’impose », a répondu Delphine Geny-Stéphane, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances.
« Nous sommes ouverts au développement des investissements en Outre-mer lorsqu’ils permettent de contribuer au renforcement du tissu productif et des infrastructures », « s’ils sont transparents et inscrits dans le long terme » et s’ils viennent « en soutien à des investissements nationaux », a-t-elle insisté.
Le gouvernement se veut « attentif au respect de l’ensemble des règles applicables, notamment en matière sociale et environnementale, ainsi qu’à la préservation des intérêts stratégiques de la France », a-t-elle ajouté.