Le plan espère concilier activité économique, développement du tourisme et protection de l’environnement, tout en faisant baisser à terme la pollution globale de 10% à Marseille, Nice et Toulon, a expliqué jeudi son promoteur, le président LR de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur Renaud Muselier.
Un habitant de Paca sur deux respire un air trop pollué au regard des normes de l’OMS, a-t-il souligné, et une bonne partie de cette pollution est due au transport maritime, qui représente jusqu’à 40% des émissions d’oxyde d’azote à Marseille par exemple.
Mesure la plus emblématique de ce plan « Escales zéro fumée », qui s’ajoute à des initiatives de l’Etat et des métropoles : l’électrification des quais.
L’enjeu est que les ferries et paquebots, lors de leurs escales, puissent se brancher directement sur le réseau électrique plutôt que de laisser tourner leurs moteurs au gazole, comme ils le font aujourd’hui, en relâchant d’épaisses volutes noires et toxiques.
Quelques navires reliant la cité phocéenne à la Corse sont déjà équipés (ceux de La Méridionale et Corsica Linea). Dans le premier port français, l’objectif est que « 100% des ferries soient branchés à quai » d’ici 2023, a annoncé M. Muselier. Il promet également le branchement électrique « à l’horizon 2025 de tous les navires de croisière ». Une gageure technique : en escale, chacun de ces géants des mers « consomme l’équivalent en électricité de la ville de Toulon », selon lui.
Des investissements, plus modestes, sont prévus aussi dans les ports de Toulon (100% des quais électrifiés d’ici 2023) et Nice (matériel de branchement mobile, piles à hydrogène).
Le président du conseil exécutif de Corse, l’autonomiste Gilles Simeoni, a aussi promis des branchements électriques à Bastia et Ajaccio. Une coopération est par ailleurs en cours pour aider aussi des ports de Tunisie à s’équiper.
– « Un geste fort » –
Cinq millions d’euros seront dédiés aux compagnies de ferries « soucieuses de transformer leurs navires en activité ».
Moderniser un ferry pour le brancher à quai coûte plus d’un million d’euros, et la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur est prête à payer le tiers de cet investissement. Des aides à l’installation de « scrubbers », ces filtres qui « nettoient » les fumées émises lors des arrivées et des départs, sont également prévues.
Enfin, la région va investir dans le réseau d’avitaillement en gaz naturel liquéfié (GNL), un carburant fossile, mais qui permet de réduire les émissions de particules, ainsi que dans la recherche sur la propulsion à hydrogène.
Ce plan, pour lequel la région espère également mobiliser 4,5 millions d’euros de subventions européennes, a été salué comme un « geste fort » et un « premier pas important » par l’association France Nature Environnement (FNE), après des années de développement effréné de la croisière.
Mais les armateurs « doivent contribuer financièrement, selon le principe du pollueur/payeur », et « l’Etat doit faire son travail sur la règlementation en matière de fioul maritime », a explique à l’AFP le président de FNE en région Paca, Gilles Marcel. Depuis des années, les armateurs sont en effet autorisés à utiliser un fioul beaucoup plus polluant en Méditerranée que dans d’autres mers européennes.
Les choses devraient s’améliorer à partir du 1er janvier 2020, avec des valeurs limites d’émission de soufre, l’un des principaux polluants, diminuées par sept. A charge pour les armateurs de se fournir en fioul plus léger, mais aussi plus cher.
Pour aller plus loin, « nous partagons l’ambition de créer une zone d’émissions contrôlées en Méditerranée » comme il en existe en mer Baltique ou en mer du Nord, a souligné la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, qui a fait le déplacement à Marseille jeudi.
Réclamée par les associations et les élus locaux, cette mesure, à l’étude à l’Organisation maritime internationale (OMI), permettrait de diviser encore par cinq les émissions de soufre.