Le journal al-Watan, proche du pouvoir, rapportait par ailleurs dans son édition de dimanche que Bachar al-Assad avait mis fin à sa discussion avec M. Brahimi en visite à Damas fin décembre, lorsque l’émissaire « a osé s’enquérir de la question des candidatures lors des présidentielles » en 2014.
Selon plusieurs sources, le chef d’Etat contesté poserait comme condition sine qua non à toute transition la possibilité pour lui d’être candidat à sa propre succession.
Accusant M. Brahimi d’avoir « menti », al-Watan rapporte encore qu’au cours de cette rencontre, M. Assad a aussi assuré ne pas être « le capitaine qui saute du navire qui coule ».
Les attaques de la presse syrienne contre M. Brahimi se sont multipliées après les critiques de ce dernier contre le discours du président Bachar al-Assad qui a proposé le 6 janvier une transition entièrement contrôlée par son régime en vue de sortir de 22 mois de crise.
Le ministère syrien des Affaires étrangères a été le premier à dénoncer les critiques de M. Brahimi, 79 ans, en l’accusant de « partialité flagrante en faveur des cercles connus pour leur conspiration contre la Syrie ».
« Lakhdar Brahimi ressemble à un touriste âgé qui fait une tournée plaisante dans des capitales autour du monde », écrit le quotidien As-Saoura. « Il n’a rien fait, sinon tenter de faire échouer les règlements politiques visant à sortir la Syrie de la crise ».
« Brahimi n’a jamais dénoncé les groupes terroristes armés et les pays qui les soutiennent. Il s’est écarté de sa mission (…) S’il n’est pas porteur d’un plan pour une solution, il vaudrait mieux qu’il laisse les Syriens tranquilles », ajoute le journal.
Le régime Assad, qui a toujours refusé de reconnaître l’ampleur de la contestation lancée le 15 mars 2011, affirme se défendre face à « un complot » mené par des « groupes terroristes » financés selon lui par l’Occident, le Qatar, l’Arabie saoudite et la Turquie.
Pour le journal du parti au pouvoir Al-Baas, M. Brahimi, même « s’il ne cesse d’évoquer ‘la décision souveraine du peuple syrien’, cherche à choisir pour ce peuple les parties qui devraient participer au règlement ».
Al-Baas dénonce « trois brèves visites à Damas » et le fait qu' »il ne se rendait pas dans les provinces syriennes pour sonder l’opinion des différentes catégories du peuple ».
« Brahimi se contente (de parler) avec les amis de Robert Ford », l’ambassadeur des Etats-Unis en Syrie, ajoute-t-il avec ironie. Les Etats-Unis, qui ont fermé leur ambassadeur à Damas, réclament un départ de M. Assad du pouvoir.
Plus de 60.000 personnes ont péri en 22 mois de conflit en Syrie, selon l’ONU.