« Il y a une intimité stratégique puissante qui est en train de naître avec l’Indonésie et la France (…) pour être dans une capacité de lutter contre l’escalade, pour se réarmer et pour être en situation d’avoir une diplomatie crédible », a expliqué M. Lecornu dans une interview à l’AFP.
La France va également devenir membre observateur de l’ADMM+, la réunion élargie des ministres de la Défense de l’Asean, qui rassemble 10 pays d’Asie du Sud-Est et inclut aussi huit pays observateurs, dont les Etats-Unis et la Chine.
Cette admission, actée pour la période 2024-2027, « nous permet de contribuer avec nos partenaires aux groupes de travail mis en place sur des enjeux majeurs pour la zone, comme la sécurité maritime », a précisé le ministre dans un tweet samedi.
L’Indonésie occupe l’an prochain la présidence tournante de l’Asean, dont le secrétariat permanent est à Jakarta.
« Nous avons vocation à être aussi politiquement dans la zone », a noté auprès de l’AFP M. Lecornu soulignant que la France était un pays riverain et souhaitait avoir un rôle multilatéral dans la région, pas seulement bilatéral.
« L’Asean est pour nous un espace de dialogue très important, ce sont les pays qui détiennent aussi les solutions pour la paix et la sécurité de la zone », a souligné le ministre.
Sébastien Lecornu a rencontré son homologue indonésien Prabowo Subianto pour des entretiens vendredi à Jakarta, après une escale aux Emirats arabes unis et avant de repartir pour l’Inde.
– Stratégie –
En février cette année, l’Indonésie a passé commande de 42 Rafale pour 8,1 milliards de dollars (près de 7,1 milliards d’euros) et négocie l’acquisition de deux sous-marins Scorpènes.
« L’acquisition de six Rafale est validée pour livraison en 2026/7 », ensuite les options seront levées par tranche, « les Indonésiens nous ont confirmé qu’ils ne remettaient pas en cause la cible de 42 Rafale », a indiqué le ministre.
« L’Indonésie veut faire monter en puissance son armée de l’air ». Concernant les sous-marins « les discussions se poursuivent, sur la capacité et sur le prix ».
Le plus grand pays d’Asie du Sud-Est, qui cultive sa position de non-aligné, n’avait jamais acquis précédemment d’avions de combat français, mais il cherche à diversifier ses alliances face à une hausse des tensions dans la région, notamment entre la Chine et les Etats-Unis.
La France et l’Indonésie discutent aussi d’un plan de formation pour les officiers indonésiens dans les écoles militaires françaises dès l’année prochaine.
Au sommet de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (Apec) la semaine dernière, le président Emmanuel Macron avait mis en avant la stratégie de la France en Asie-Pacifique.
La France y détient la majeure partie de sa zone économique exclusive (ZEE), la deuxième du monde. Elle y maintient une présence militaire permanente, qui reste cependant modeste par rapport aux poids lourds de la région, avec quelque 7.000 soldats, des patrouilleurs et avions de reconnaissance.
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