Hewa Rahimpur, 30 ans, originaire d’Iran mais établi au Royaume-Uni, avait été arrêté à Londres en mai 2022. Il a également écopé d’une amende de 80.000 euros, selon le verdict du tribunal correctionnel de Bruges (Ouest).
« Le prévenu était chargé de coordonner la livraison des bateaux et moteurs au bon endroit dans le Nord de la France. Il recevait de l’argent des personnes à faire passer clandestinement, et transmettait leurs noms aux passeurs », précise la décision.
Donnant aux migrants « le qualificatif extrêmement irrespectueux de +poulets+ », M. Rahimpur « était en contact avec les membres de l’organisation », en Allemagne comme en Turquie, « n’hésitant pas à recourir à la violence lorsque ses bénéfices étaient menacés », ajoute le verdict.
L’arrestation de Hewa Rahimpur s’inscrivait dans le cadre d’une enquête entre la Belgique et le Royaume-Uni, suite à la découverte de plusieurs bateaux et moteurs hors-bord à l’arrière d’un véhicule en octobre 2021 à la frontière belgo-française.
Les autorités belges le soupçonnaient d’être une tête d’un réseau impliqué dans des infractions de « trafic systématique d’êtres humains » en utilisant des petites embarcations.
La coopération policière internationale avait permis d’identifier une importante organisation, qui a fait l’objet d’un vaste coup de filet en juillet 2022 dans cinq pays dont la France, les Pays-Bas et l’Allemagne, où 18 personnes avaient été interpellées.
Outre Hewa Rahimpur, 20 autres prévenus étaient jugés pour « trafic d’êtres humains » par le tribunal de Bruges. Dix-neuf ont été condamnés mercredi à des peines allant de 30 mois à dix ans d’emprisonnement. Un autre a été acquitté.
La Cour a retenu comme circonstance aggravante la mise en danger de la vie des migrants, « intentionnellement ou par négligence grave, comme en témoigne la médiocre qualité des canots pneumatiques, motos et gilets de sauvetage ».
« Le réseau de Hewa Rahimpur était, au moment de son arrestation, l’un des groupes criminels les plus prolifiques impliqués dans les traversées en petites embarcations », a réagi Craig Turner, un responsable de l’agence britannique de lutte anti-criminalité (NCA).
« Ces réseaux criminels ne se soucient pas de la sécurité des personnes transportées. Leur démantèlement reste une priorité », a-t-il ajouté, précisant que la NCA menait actuellement « environ 90 enquêtes sur des crimes de grande envergure liés à l’immigration ».
En 2022, année record, 45.000 personnes ont réussi la traversée de la Manche, malgré les périls encourus. Malgré un durcissement de sa législation, le Royaume-Uni peine à enrayer ce phénomène qui a explosé ces dernières années et entraîné des naufrages meurtriers.