Mesurant 158 mètres de long, reconnaissable au large radôme (« boule » abritant le radar) installé à son sommet, cette ex-frégate lance-missiles à la coque rougie par la rouille a été remorquée jusqu’au bassin de déconstruction du Grand Port Maritime de Bordeaux.
L’ancien navire, qui a servi de 1967 à 2001 dans la Marine nationale, avait quitté le 4 octobre le Var où il était utilisé depuis 2009 comme brise-lames près de Toulon. Les tempêtes successives qui ont balayé la France en novembre l’ont néanmoins contraint de mouiller à Lisbonne puis près de Bilbao (Espagne).
« Il y a encore des restes d’équipements électroniques, des câblages, il y aussi un peu de désamiantage », a expliqué à l’AFP un porte-parole de la Préfecture maritime (Prémar). « Une fois que ces opérations-là seront réalisées, ils découperont la tôle (en acier) qui sera recyclée. »
Après le Suffren, sept autres navires doivent progressivement quitter Toulon, Brest ou Lorient pour Bordeaux afin d’y être dépollués et démantelés, un chantier censé durer quatre ans selon la Prémar. Suivront l’ex-pétrolier ravitailleur Meuse, les anciennes frégates Jean de Vienne, Cassard et Montcalm, l’ex-patrouilleur Albatros, l’ex-frégate Georges Leygues et enfin l’ancien D’Entrecasteaux.
En vertu d’un appel d’offres attribué en juillet et portant sur plusieurs millions d’euros, un groupement d’entreprises composé de Cardem (filiale d’Eurovia, qui appartient au groupe Vinci), Snadec Environnement (dépollution) et Sirmet (valorisation de la ferraille), doit procéder à ces opérations.
« La déconstruction de ces 8 grandes coques donnera lieu au recyclage d’environ 25.000 tonnes de ferraille », précise le Grand Port Maritime de Bordeaux dans un communiqué, évoquant un « chantier exceptionnel ».
Ces dernières années, d’autres prestigieux navires de combat, comme l’ancien croiseur Colbert ou le mythique navire-école Jeanne d’Arc, ont achevé leur vie dans la forme de radoub (cale sèche de déconstruction) de Bassens, sur la Garonne, à moins de 10 km au nord de Bordeaux.
Avant 2005, les bateaux militaires étaient océanisés, c’est-à-dire coulés au large, parfois après avoir servi de cibles d’exercice. Depuis, cette pratique est interdite et les navires sont détruits en France ou à l’étranger après le lancement d’appels d’offres.