SNCM: au deuxième jour, les négociations autour du médiateur se prolongent

Après plus de quinze heures de tractations entamées lundi sous les auspices du médiateur Gilles Bélier nommé par le gouvernement, les négociations en préfecture de Marseille semblaient bloquer mardi du côté de l’actionnaire majoritaire, Transdev, dont les émissaires sans mandat interrompaient les séances régulièrement pour en référer à leur hiérarchie.

Selon des sources concordantes, un plan serait discuté, prévoyant jusqu’à la fin de l’année un moratoire suspendant toute procédure judiciaire et permettant, comme le souhaitent les syndicats, de travailler sur une solution de reprise de la compagnie.

Ce projet d’accord, qui aurait les faveurs du médiateur, des représentants de l’Etat et des syndicats, serait bloqué par l’actionnaire qui exige « de passer par la case procédure de redressement », indiquent ces sources proches des négociations.

Pourtant lundi soir, un projet d’accord semblait se dessiner. Les négociateurs s’étaient quittés sur des « demandes claires » formulées par les syndicats aux actionnaires, l’État (25%), mais surtout Transdev (66%), expliquait le délégué CFE-CGC des officiers, Pierre Maupoint de Vandeul.

Selon lui, l’intersyndicale CGT-SAMMM-FO-CFE-CGC-CFDT-CFTC s’était dite prête à négocier un nouveau plan avec la nouvelle direction, alors qu’elle réclamait jusque-là la mise en oeuvre du plan de la précédente direction.

« Nous proposons d’être partie prenante de la construction de l’avenir de la SNCM en travaillant avec le Directoire dans le cadre de la mission Bélier au cours des mois futurs, à un projet industriel qui pourrait être partagé par toutes les parties », confirmait mardi matin la CGT des officiers dans un communiqué.

Mais les représentants de salariés souhaitent, en échange, un « cadre sécurisé ». En clair, pas de recours au tribunal de commerce, qu’ils interprètent comme la voie d’un démantèlement.

Cette solution mise en avant par Transdev et qui a également, depuis ce week-end, les faveurs du gouvernement, permettrait selon ses défenseurs, outre d’apurer les comptes de la compagnie déficitaire, de lever l’hypothèque de lourdes condamnations européennes, noeud gordien du dossier SNCM depuis 18 mois.

Ce « cadre sécurisé » doit aussi permettre la recherche de nouveaux partenaires, précise M. Maupoint de Vandeul, Transdev n’ayant jamais caché son intention de se désengager de la compagnie.

Selon la publication spécialisée Le Marin, cette période pourrait être mise à profit par Christian Garin, ancien patron du port de Marseille et qui avait déjà porté un projet de reprise avec l’armateur norvégien Siem, pour faire une nouvelle offre.

– Ultimatum à 18H00 en Corse –

Les effets de la grève, qui a débuté le 24 juin, commencent à provoquer la grogne de part et d’autre dans la région marseillaise et en Corse.

A Marseille, les acteurs économiques s’alarment des « conséquences graves et durables » de la grève, qui oblige les bateaux de croisière à se dérouter du port, par crainte de blocage. Environ 30.000 passagers de ferries et 37.000 croisiéristes ont évité de débarquer à Marseille, déplorent-ils.

La Corse a connu plusieurs jours de tensions, durant lesquels les représentants du monde économique, qui s’estiment fortement pénalisés par la grève de la SNCM, mettent la pression sur les pouvoirs publics.

Obligés de dérouter leurs camions par Toulon, les transporteurs notamment, pointentdu doigt les surcoûts engendrés en carburant et heures supplémentaires pour les chauffeurs.

Les organisations socioprofessionnelles (organisations patronales, CCI, agriculteurs, transporteurs…) de l’île ont donc lancé lundi un ultimatum qui prend fin mardi à 18H00, et pris rendez-vous mercredi à 10H00 devant la préfecture de Bastia s’ils n’étaient pas entendus.

Ils demandent aux pouvoirs publics de débloquer le Kallisté, bateau de la Méridionale – seule autre compagnie à opérer entre Marseille et la Corse -, bloqué à quai par les marins CGT de la SNCM, et la sécurisation d’un quai permettant à la compagnie de reprendre ses rotations.

Mardi, le Kallisté se trouvait toujours à quai et son accès toujours barré par des camions de la CGT, a constaté un photographe de l’AFP. Du côté de la préfecture de Marseille, on ne souhaitait pas faire de commentaires à ce sujet.

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