Afrique du Sud/corruption: l’ex-président défend sa décision d’acheter des armes

M. Mbeki témoignait devant la commission chargée d’enquêter sur des rétrocommissions qui auraient été versées à l’ANC, le parti au pouvoir, sur un contrat d’armement de 5 milliards de dollars signé en 1999. Plusieurs hommes d’affaires et politiques haut placés sont soupçonnés d’avoir touché des pots-de-vin.

« A aucun moment, le comité interministériel (chargé de choisir le matériel) n’a pris une décision sans tenir compte de coûts », a déclaré M. Mbeki, qui fut président sud-africain de 1999 à 2008 après avoir été le bras droit de Nelson Mandela.

C’est ce comité, présidé par le président, qui a autorisé l’achat d’avions, d’hélicoptères et de patrouilleurs marins à cinq groupes européens, dont le britannique BAE Systems, le français Thales (alors Thomson-CSF) et le suédois Saab.

« Il y a eu beaucoup de commentaires qui semblent attribuer telle ou telle action du gouvernement à des individus. Ce n’est pas comme ça que travaille le gouvernement. (…) Les décisions prises par le comité interministériel n’étaient pas des décisions prises par des ministres individuellement », a souligné Thabo Mbeki.

Les ministres ne se sont pas enrichis. « Ils doivent rendre des comptes au gouvernement », a-t-il expliqué, ajoutant que son équipe avait agi conformément à la loi.

Même si la majorité des Sud-Africains sont pauvres, le gouvernement ANC, arrivé au pouvoir en 1994, devait montrer que « nous avons une nouvelle (force de défense) conforme à la Nouvelle Afrique du Sud », a dit l’ancien président, se raclant la gorge et appuyant ses doigts sur son bureau pendant son témoignage.

Comme d’autres anciens responsables interrogés avant lui sur des points précis, M. Mbeki a avoué que sa mémoire était parfois floue.

« Je ne me souviens pas », a-t-il notamment dit à propos d’une réunion avec un ministre des Affaires étrangères allemand consacré à l’achat de corvettes.

Créée par le président Jacob Zuma en octobre 2011, la commission a vu son travail très retardé par une série de démissions, y compris le départ de deux des trois juges originaux.

Jacob Zuma lui-même doit venir témoigner, à une date indéterminée. Son conseiller financier Schabir Shaik a été condamné en 2005 à quinze ans de prison, pour avoir notamment sollicité des pots-de-vin pour lui à Thomson-CSF –il a été libéré pour raisons médicales en 2009.

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